Construction du Port d'Agadir
Port de pêche- Petit bassin (Daydé) en 1948-49

 En 1946, nous dit le capitaine Mathieu la situation du port était la suivante :

Aux 200 m de jetée construits par le Génie militaire en 1917 et 1918 s'étaient ajoutés les travaux de 1933 au lendemain de l'ouverture du port au commerce (1930) et des années suivantes.
En 1940, veille de la guerre, le port ne possédait encore qu'une jetée abri de 700 m. à laquelle était accolé un quai de 120 m à - 3,5 m. C'était déjà insuffisant.

Des travaux en cours étaient sur le point de se terminer en janvier 1946 :

  • Construction d'un quai de rive de 260 m au fond du port : (120 m à -3 m) et (140 m à - 4 m) ;
  • Aménagement d'une halle aux poissons et d'un frigorifique.

 Mais cette fois, les travaux furent ralentis par la nature des roches (Colonel M. Mathieu, Une vie exaltante, p. 297, 298).

Visite du Résident Général Eirik Labonne
le 24 septembre 1946


 
 En 1928, quand l'administration des Travaux Publics voulut poursuivre les travaux commencés par la Marine française, elle s'aperçut qu'au fur et à mesure que l'on allongeait la jetée, la zone des dépôts de sable progressait et la vitesse d'ensablement arrivait même à dépasser la vitesse de prolongation de la jetée
(Extrait de l'Étude du cas d'Agadir "Théorie de l'ensablement d'un port par la houle", Amiral Barjot, 12 mai 1947).
Le volume de sable déposé était évalué à plus de 500 000 m3.
La plage située à proximité et à l'abri de la jetée disparaissait (affouillement au niveau de Founti et jusqu'au wharf de la SATAS).
En 1944, à l'extrémité de la jetée principale, la hauteur des fonds était réduite à - 3 /- 4 m par suite de l'ensablement
(Carte de l'ingénieur Allard cité par Mas et Challet, L'évolution de la plage d'Agadir, 1966).

En conclusion de son étude, l'amiral Barjot estimait que dans le cas d'Agadir, plus on allongerait la jetée, plus on risquait d'augmenter vers l'Est l'affouillement de la plage et par la suite le bourrelet d'ensablement.
 

 
Il recommandait de suspendre tout prolongement de la grande jetée jusqu'à vérification de sa théorie par des observations adéquates.

Par ailleurs, il préconisait d'étendre le port vers l'extérieur par une nouvelle jetée et non de l'enfermer comme prévu dans la baie d'Agadir
(Mas, Challet, L'évolution de la plage d'Agadir, p. 18, 1966).

Or l'activité du port de pêche se développait considérablement avec une flottille de pêche qui passa de 13 unités en 1945 à 70 en 1950 ouvrant d'énormes perspectives pour les industries de la conserve (2 usines de conserves de poisson en 1945, 54 en 1950).
L'économie d'Agadir commençait à s'emballer ; dès 1946, les récoltes de primeurs soussis (tomate, abricots, artichauts, etc.), agrumes, cherchaient à s'exporter dans de bonnes conditions. Le port n'avait pas suivi cette évolution.
 
 


 

 
Nommé Résident Général, en 1947, le général Juin effectue sa première visite à Agadir, débutant par le port. Il est accueilli par M.Villar (chef des Services Municipaux), son adjoint, M.Terrier, le pacha Amougay, le général Blanc, M.Gautier (président du syndicat d'initiative).

 

Diaporama de la visite
 
 
 

 

1948-49

 

La mise en concours des travaux portuaires eut lieu le 16 juillet 1947 :

l'entreprise Daydé fut déclarée adjudicataire ne recevant toutefois son contrat signé qu'en mai 1948.

 

 

Les principaux travaux prévus par le contrat visaient :

 

  • La construction d'un quai de rive pour 10 000 000 Fr. par l'entreprise Daydé ;
  • Le couronnement du quai de jetée par un marché passé avec l'entreprise Daydé pour 1 900 000 Fr. ;
  • La construction de la cale de halage (marché non encore passé projet à l'étude) pour 4 300 000 Fr. ;
  • L'élargissement de l'Épi Est pour 41 800 000 Fr. par un marché conclu avec les entreprises Soenca, Patricolo et Pastor, approuvé et notifié en juillet 1948 ; marché avec entreprise Daydé en cours d'approbation ;
  • Le rechargement de la jetée par un marché commun avec construction du quai de jetée notifié à l'entreprise Daydé le 15 mai 1948 pour 3 214 000 Fr. dont un report de 1947 ;
     
  • Une campagne de dragage pour 6 914 564 Fr., sans aucun marché passé avec un report de la campagne décidé en août 1948 ;
  • La Halle aux poissons : l'adjudication avait eu lieu le 22 novembre 1948 mais les TP d'Agadir croyaient obtenir de leur directeur 25 à 30 millions pour réaliser le 2ème tranche avant fin 1948 et terminer l'ouvrage en 1949 ;
  • Frigorifique : le marché était toujours attendu et réclamé par les usagers du port depuis 1947 ;
  • Magasins pour armateurs - Chantiers navals : même situation que pour le frigorifique.
     
     


Le total des crédits affectés pour le port était de 72 637 250 Fr.

 
En ce qui concernait le Frigorifique, la question avait été posée pour la première fois au Conseil Économique Régional du 14 janvier 1947 par le président des Conserveurs. L'ingénieur des TP avait répondu qu'il n'avait reçu aucune délégation de crédits à cet effet.
À l'occasion de la visite du port en août 1947 par le Résident général, le principe en fut cette fois décidé. La Société Marocaine d'Applications Électriques (SMAE), pressentie par les Travaux Publics se vit confier puis retirer l'exécution du projet du Frigorifique.
 
 
Au conseil du Gouvernement de juin 1948, le Résident donna publiquement l'ordre au directeur des Travaux Publics de réaliser l'installation avant le 31 décembre 1948. La SMAE à nouveau pressentie, s'excusa de ne pouvoir exécuter les travaux s'étant dans l'intervalle engagée par ailleurs.
Or antérieurement à la signature de ce contrat, une commission régionale réunie le 2 décembre 1947 et le 24 janvier 1948 avait donné son avis sur l'aménagement de la Halle aux poissons, et sur le Frigorifique à placer hors de la halle aux poissons et à terminer pour janvier 1949.
 

Cette commission avait déterminé l'ordre d'urgence des travaux prévus hors contrat soit :

  • L'élargissement à 40 m de l'épi Est ;
  • La construction de magasins pour armateurs ;
  • L'aménagement du terre-plein Est.

 
Les utilisateurs du port de pêche et les usagers en général très mécontents, se plaignirent vivement auprès du Général Miquel, Commandant du Territoire d'Agadir, de l'équipement insuffisant du port de pêche, de l'absence de frigorifique qui imposait le rejet à la mer du poisson excédentaire et l'achat de glace à l'extérieur entraînant des frais supplémentaires pour les chalutiers, de l'absence de halle aux poissons qui privait les mareyeurs et les armateurs de stalles, de magasins et de bureaux.

De plus la cale de halage n'était toujours pas achevée, il n'y avait pas de magasins pour les armateurs, les chantiers navals étaient mal outillés ce qui ne permettait pas les réparations rapides sur place des flottilles. La petitesse du plan d'eau actuel compliquait les opérations d'accostage, l'extension ajournée du quai de jetée à - 8 reportait l'accostage de bateaux supérieurs à 1 000 tonneaux.
 

Le commandant de région Miquel fit part de son mécontentement concernant les retards apportés à l'approbation de l'entreprise Daydé (un an entre l'adjudication des travaux et la réception par cette entreprise du marché approuvé), les retards enregistrés dans l'exécution des travaux confiés à l'entreprise Daydé, les atermoiements dans la réalisation du Frigorifique.
Une campagne de presse fut déclenchée en septembre et octobre 1948 par "Le Maroc Quotidien" et "Le Petit Marocain".

Les travaux d'extension du port de pêche furent confiés aux Établissements Daydé spécialisés dans les Travaux Publics et commencèrent en 1948.

(1948-9, Mémoire de l'entreprise Daydé pour les TP, coll. Granger)
 


 
 

 

1948

Le Résident Juin visite le port d'Agadir en compagnie de M. Carbonnières, ingénieur principal des TP d'Agadir, directeur du port, et de M. Girard, directeur des Travaux Publics du Maroc.

 

Visite du Résident Général Alphonse Juin
24 novembre 1948

 
 
 

Travaux effectués par l'entreprise Daydé en 1948-1949

Les bureaux et les ateliers de l'entreprise Daydé ainsi que l'aire de stockage des matériaux et la fabrication des blocs artificiels se situaient au port du côté de la Pointe de Founti et du départ de la Grande jetée.

Délimitation du petit bassin-port de pêche :

D'importants travaux de dragage prévus, la création d'un petit épi transversal avec pose de blocs artificiels furent réalisés qui permirent de délimiter le bassin de pêche entre la grande jetée, la cale de halage, le quai de rive et le petit épi transversal.

 

En octobre 1948 :

  • Le dragage des souilles au Quai de Jetée fut réalisé par le Titan 1 et la grue Schneider N°3 du Ponton David avec le chaland à clapets Vershure ;
  • Des blocs artificiels furent posés au musoir provisoire de l'épi LM avec le Ponton Mature.

 

 En avril 1949 :

  • La pose de blocs se fit au Quai de jetée grâce au Ponton Mature 18 remorqué par la vedette "Arhesdis" ;
  • Le transport des blocs, par le Locotracteur N°1 "Schneider" et porte bloc de 40 T.

 

Mai 1949 :

  • Le dragage des souilles se fit grâce à la grue Marion avec mouflage d'une benne à terrassements ;
  • Le dragage des souilles à Quai à -3 fut réalisé par le Derrick SAPAG - l'évacuation des produits des dérochages du Derrick par camion benne GMC ;
  • le dragage du Quai de rive par la grue Nordest des Ets Daydé montée sur le Ponton David ;
  • le dragage des souilles fut réalisé par le Derrick SAPAG.

Juillet 1949 :

  • Quai de jetée : utilisation d'un Caisson à air comprimé- Manœuvres de départ pour remorquage par le remorqueur "Soussi" - Montage, amenée des flotteurs ;
  • Démolition de la pile Sud- Dragage des souilles par la grue Marion et pose des blocs - Bétonnage de la superstructure.

 

Juillet 1949-Août 1949 :

  • Quai de rive : furent réalisés : le dragage du sol meuble à l'emplacement du quai à - 4 ; le guidage des dragages des souilles du Quai à - 4 par les scaphandriers et la mise en œuvre au Titan des moellons d'épaulement ;


 

En 1950, le port d'Agadir avait franchi une étape : il était constitué d'une darse dédiée à la pêche avec un plan d'eau de 5 hectares délimité
par :

 

  • La grande jetée-abri (Jetée Ouest ou Jetée principale) orientée Nord-Sud de 700 m de long, épaulée sur 120 m d'un quai à - 4,5 m et d'une cale de halage de 80 x 60 inclinée à 8% ;
     

 

  • Un épi orienté NE-SO de 450 m de longueur formant avec la jetée un bassin abrité à - 6 m, réservé au commerce ce qui épargna dès lors aux navires le mouillage en rade et le déchargement de leur fret par barcasses ;
  • Un quai de rive à - 4 et - 4,50 au fond du port devant la halle aux poissons.
     

Les photos ci-dessous permettent de voir la progression de la grande Jetée, la création du petit Épi délimitant le port de pêche avec au fond une cale de halage et la construction de la Halle aux Poissons qui sera terminée en 1952.

 
 

Des équipements s'ajoutaient aux nouvelles structures :

 

  • Hangars (2 500 m2) ;
  • Terre-pleins (10 000 m2) ;
  • Halle au poisson en cours de construction (qui sera terminée en 1952) ;
     
  • Magasins (1 100 m2) ;
  • Engins de levage ;
  • Frigorifique en cours de construction, installé par une société privée sur des terre-pleins ;

Ces équipements furent complétés par :

 

  • Deux piles d'accostage pour pétroliers à -6, espacées de 40 m et reliées au dépôt de carburants par un pipe-line de 2,5 km de longueur avec une station de refoulement ;
  • 15 débarcadères flottants reliés à la rive par des passerelles et réservés aux pêcheurs permettant de décharger simultanément une trentaine de bateaux ce qui s'avéra rapidement insuffisant ;
  • 1 cale de halage de 80 m x 60 m pour le halage de bateaux jusqu'à 150 T ;
     
     

 

  • 1 quai de 175 m de longueur accolé à la jetée principale et fondé à la côte -6.
    Pour certains navires de tirant d'eau trop fort, mouillant dans la baie, le port possédait 8 allèges de 20 à 40 T, un remorqueur et une vedette, destinés au déchargement des marchandises.
    Le port disposait également d'un ponton-mâture de 18 T, de 2 grues de 40 T pour les travaux, de 4 grues de quai de 3 à 8 T et d'une auto-grue.
    (Réalités Marocaines, Les grands équipements, Agadir, un outil à la mesure de l'avenir, p. 80 et suivantes).
     

 

Trafic du port d'Agadir :

Le port d'Agadir était en passe de devenir le second port du Maroc après Casablanca en raison de l'activité grandissante de la pêche, des industries de la conserve et de l'agriculture (primeurs, tomates, agrumes).
En 1933, le trafic total du port dépassait 64 000 T ;
En 1947, le trafic total tombait à 31 000 T ;
En 1950, il atteignait 86 674 T ; 188 cargos avaient fait escale. Le record de 1933 de (64 000 T) était largement battu.

Aux exportations, les conserves tenaient la 1ère place avec 11 519 T et 3 198 T de farines de poisson.
En 1951, de nouveaux produits demandaient à être exportés : les minerais.
En février 1948 : il y eut un envoi expérimental de 500 T de manganèse. En 1951, des expéditions régulières inaugurèrent la vocation minière du Souss.


De nouveaux aménagements s'imposaient …