La Mosquée de la Kasbah d'Agadir
Ouflla était construite comme
les mosquées de Taroudant.
Elle datait de l'époque saadienne, elle fut bâtie
après le départ des Portugais, en 1572 sous le
règne du sultan Moulay Abdallah El Ghalib Billah qui la
fit construire craignant leur retour.
Ce fut pendant longtemps une des seules mosquées à
minaret de la région du Souss après celles de Taroudant,
première ville impériale saadienne.
Le minaret de la mosquée de la Kasbah était beau,
quoique très sobre, et portait la facture des Saadiens.
Il fut détruit peu avant l'occupation française
de juin 1913 et fut reconstruit très rapidement.
La salle de prières comportait
des arcades et des colonnes aux murs épais pour soutenir
le toit comme les mosquées de Taroudant. Le plafond, peint
de différentes couleurs choisies pour être apaisantes,
cachait la toiture.
La salle pouvait contenir 500 à 600 personnes. Le parterre
était couvert de nattes de jonc de l'oued Souss, lesquelles
étaient couvertes de tapis multicolores de fabrication
locale. Les colonnes des arcades portaient des petites niches
pour recevoir les bougies servant à éclairer.
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Une pièce annexe servait d'office pour
recevoir les plats de couscous, de tajines, pain, sucre et thé
pour le fkih, son adjoint et pour les visiteurs occasionnels
(caravaniers, autochtones des environs) qui passaient la nuit
dans la mosquée.
On appelait cette mosquée en tachelhit "Tigmi
N'Rebbi", la maison de Dieu.
C'était un lieu sacré. Il était impossible
d'expulser quelqu'un de cette maison qui s'y était réfugié.
Une pièce adjacente servait pour les ablutions avant la
prière. Des toilettes se trouvaient juste à côté.
Une autre pièce servait pour le rituel des morts, pour
la toilette, le linceul et la mise sur le lourd brancard traditionnel
que quatre hommes portaient jusqu'au cimetière qui se
trouvait à l'extérieur de la Kasbah.
Quelques 600 mètres séparaient la mosquée
du cimetière qui n'avait pas d'enceinte de protection,
situé sur la pente abrupte de la Kasbah, face au ravin
Elghezoua.
Si Ahmed Ou Belkacem
dit Achtouk était l'imam de la mosquée.
Il jouait le rôle de conciliateur entre les parties, donnait
des leçons coraniques, écoutait les uns et les
autres qui lui confiaient leurs problèmes. Il était
connu pour être un homme sage qui savait garder pour lui
les secrets d'autrui. Il répétait à la fin
de chaque entretien : "Ton secret au nom de Dieu est
au fond du puits".
Son adjoint s'appelait Si Dahssi. On disait de lui que
sa voix résonnait au loin, était entendue jusqu'à
Ben Sergao, Tadart, Talborjt, Tildi et Anza lorsqu'il appelait
à la prière au sommet du minaret. Les pêcheurs
sur les barques affirmaient qu'ils l'entendaient dans les environs
de l'oued Souss et se mettaient à prier.
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Le muezzin montait au sommet du minaret
pour annoncer chaque prière en hissant le petit drapeau
blanc qui indiquait visuellement, pour tous les malentendants,
l'approche du rassemblement. Trente minutes plus tard, il faisait
l'appel à la prière et faisait descendre le drapeau
et faisait de même à la 3ème prière.
Le vendredi, il hissait le drapeau noir pour la 2ème prière
vers 10 heures pour attirer l'attention des fidèles pour
le grand rassemblement et annoncer le prêche de l'imam.
La mosquée avait six boutiques pour
subvenir aux nécessités de l'entretien de la mosquée
et rémunérer les deux responsables.
L'imam et son adjoint bénéficiaient d'un logement
dans la mosquée.
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Tous les jours une trentaine d'enfants suivaient
l'école coranique dans la grande salle de prières.
Si Mezzour fit électrifier la mosquée dès
que cela fut possible.
On ne sait si les femmes pouvaient se rendre à la Mosquée
de la Kasbah même en période de ramadan car à
l'époque il n'y avait pas de pièce isolée
pour les recevoir.
(Souvenirs recueillis par Lahsen Roussafi auprès
d'anciens gadiris de la Kasbah)
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