Mellah d'Agadir

 

 
 

 

 

 Du mellah d'Agadir Ighir, on sait peu de choses.

On ne sait quand il fut constitué.

On ne sait si les grands commerçants juifs d'Agadir habitaient le Mellah ou s'ils préféraient habiter Founti avant la fermeture d'Agadir voire la destruction partielle de la ville en 1773-4.

On sait que le port d'Agadir quand il prit de l'importance au temps des Saadiens et des premiers sultans alaouites, sous Moulay Ismail (1672-1727) en particulier, était tenu par des Juifs. C'est ainsi que sous Sidi Mohamed Ben Abdallah (1757-1790) le port d'Agadir fut géré par le juif Ben Isso avant sa fermeture par ce souverain.

 

Agadir connut des familles juives commerçantes importantes et des rabbins célèbres comme Khlifa Ben Malka, Rabbi Schlomo Pinto, Haïm Pinto qui naquit à Agadir en 1749.


Au XVIIIe s., Khlifa Ben Malka, Tsaddik (sage) d'Agadir, homme très riche, commerçant international, quitta sa demeure de Tanger pour résider à Agadir qui était un port où s'échangeaient de nombreuses marchandises.

Rabbi Khlifa Malka

Rabbi Schlomo Pinto et son épouse (qui était la sœur de Khlifa Malka) le rejoignirent dans cette ville. La famille Pinto était originaire du Portugal et s'était installée à Tanger au XVIIe s. Rabbi Schlomo mourra à Agadir en 1761.
Son fils, le Rabbi Haïm Pinto naquit à Agadir en juillet 1749 (fils de la seconde épouse) et n'avait que 11 ans à la mort de son père. Il devint un grand rabbin, décédé à l'âge de 96 ans. Il naquit l'année où fut détruite Agadir tandis que le port, source des revenus des Juifs, fut fermé et les Juifs contraints d'aller à Mogador.

En 1774, après que le sultan Sidi Mohamed ben Abdallah eut soumis la ville d'Agadir, restée rebelle, la plupart de ses habitants (musulmans et juifs) furent expulsés et contraints de s'installer à Mogador (Taçourt) que le sultan venait de créer. Parmi les dix premières familles juives parties s'installer dans cette ville, deux étaient originaires d'Agadir : les familles Aflalo et Pénia ; ensuite ce furent la famille Guedalla.
Les familles arrivaient par groupes et s'installaient dans les quartiers d'Essaouira qui portent aujourd'hui encore leurs noms : Darb Ahl Agadir, Beni Antar ou Shbanat.
On estime à 2000 le nombre de personnes juives et musulmanes originaires d'Agadir et de ses environs qui furent déplacées à Mogador.

Les Guedalla, originaires d'Agadir, firent partie des grandes familles de Tujjar du sultan, spécialisées dans le commerce international. Ils s'allièrent aux Pinto, aux Del Mar, aux Aflalo, aux Sebag, et en Angleterre aux Montefiore. Jacob Guedalla (né vers 1690 à Agadir) fut le premier à recevoir un permis de construire dans la Kasbah de Mogador.
La famille Aflalo, gadirie d'origine, comptait parmi les siens Aaron Aflalo (décédé en 1840) surnommé El Gadiri qui créera la première synagogue à Mogador. Les Aflalo s'allièrent aux Corcos par le mariage d'Abraham Corcos et de Miriam Aflao, fille d'Aaron El Gadiri (Source : La Communauté juive de Mogador-Essaouira, La bienvenue et l'adieu, Sidney S. Corcos, Éd. Centre Jacques-Berque, pp. 123-156).

 

En 1913, au moment de l'occupation française de la Kasbah, il y avait encore un petit mellah avec quelques familles juives.

Les anciens gadiris se souviennent des familles Edery, Zafrany, Abitbol, Serraf (source : Edmond Knafo). Il y eut également les familles Knafo, Khalifa, Abisror, Cohen, Lévy, Mazzaltarim, Abdelhaq (source Albert BenAbbou).
En ce temps là, il y avait une petite synagogue dans ce mellah. Messieurs Abitbol et Zafrany conduisaient les prières.

Les Juifs du Mellah étaient des artisans, cordonniers, tenaient de petits commerces vendant des bougies, très peu de choses à l'unité, faisaient des bijoux, des tamis ou travaillaient au port. Abouderhen faisait les circoncisions. (Source Albert BenAbbou).

 Le Mellah en 1931- article de l'Univers Israélite - 9 janvier 1931 - Dasey

 Les femmes juives à l'image de celle que l'on voit sur la photographie devant la porte de sa maison, tenant un petit enfant dans les bras, se montraient à visage découvert et étaient fort élégantes : celle-ci portait une coiffe avec un foulard enroulé tout autour d'où partaient de longs pendentifs d'oreilles.

Elle portait une longue et lourde jupe claire à petits motifs, une chemise blanche et une sorte de boléro à manches bouffantes ; une babouche pointue et brodée sortait délicatement de la jupe.


Le petit garçon portait une djellaba noire largement ouverte sur une longue chemise blanche, un petit calot noir sur le crâne rasé sauf aux tempes et sur le devant de la tête, et des belgha pointues claires.


Les hommes, à l'image de l'artisan juif, portaient barbe et calot, djellaba foncée et allaient parfois pieds nus.

 

 

Le bijoutier et orfèvre Albert BenAbbou, figure bien connue des Gadiris, est un enfant du mellah de la Kasba ; son père était originaire de Mogador, arrivé à la Kasbah d'Agadir en 1936.
À partir de 1950, il n'y eut plus de famille juive à la Kasbah.
La plupart des Juifs de la Kasbah migrèrent à Talborjt lors de la construction de ce quartier.
Selon une tradition orale, les Juifs auraient eu un saint enterré dans la Kasbah.