L'assistance de santé indigène,
organisée au Maroc par le général Lyautey
au début du Protectorat français sur le Maroc,
comprenait des formations fixes et des formations mobiles. Parmi
les premières, les infirmeries indigènes créées
dans tous les postes militaires pourvus d'un médecin furent
multipliées ensuite par le protectorat, et les dispensaires
ouverts dans les grandes villes avant l'occupation française,
furent transformés peu à peu en hôpitaux
indigènes ; les seconds comprenaient les groupes sanitaires
mobiles. La lutte contre les épidémies et en particulier
contre la variole, la peste et le typhus furent les priorités
de ces institutions.
Il y eut dans la Kasbah un hôpital mis
en place lors de l'occupation française de la Kasbah d'Agadir
en 1913. Il semble que la Kasbah ait disposé de cet établissement
jusqu'au début des années 30.
On peut localiser l'hôpital sur les
cartes de la Kasbah au niveau de la terrasse de l'éperon
sud-ouest de la Kasbah près du Café maure.
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Il y eut trois "hôpitaux"
: un pour les militaires et deux pour les civils
; l'hôpital civil indigène (Musulmans
et Juifs) et l'hôpital civil européen
avait chacun un responsable logeant sur place.
Ces hôpitaux disposaient d'une salle d'opération
commune.
Quelques familles françaises logeaient dans la Kasbah
dont la famille de l'infirmier Pierre Édouard Pradel
et le Dr Ignard.
Quand Pierre Édouard Pradel (1891-1954) arriva
à Agadir en 1919 avec son épouse Jeanne Taillandier,
il n'y avait [dit-il] que la Kasbah, entourée de fils
de fer barbelés. Agadir se trouvait en zone d'insécurité,
en pleine épidémie de peste et de typhus. P-E Pradel
était alors adjoint spécialiste de santé
et fut nommé agent sanitaire maritime et gestionnaire
de l'infirmerie ambulante de la Kasbah sous la responsabilité
du Dr Ignard. Il parcourut tout le bled jusqu'aux limites
du Sahara seul d'abord, puis avec le Dr Gauthier sans
aucun incident même avec les "dissidents". Il
gardait le contact avec Agadir grâce aux pigeons voyageurs
(Une enquête du journal "Le Petit Marocain",
Agadir appartient à l'avenir du Maroc, par Jacques
Le Prévost, envoyé spécial, janvier 1952).
En 1929, P-E Pradel fut nommé infirmier spécialiste
au Service de la Santé et de l'Hygiène publiques,
se consacrant aux épidémies meurtrières
qui ravageaient le Souss (Peste, Typhus et variole, puis adjoint
de santé en 1941 (Éloge funèbre du Dr Richter
en 1954).
Il se déplaçait avec une ancienne ambulance de
l'armée la Barentole, rafistolée de tous les bouts.
En 1930,
l'hôpital fonctionnait encore à la Kasbah puisque
Michel Vieuchange y fut soigné avant de mourir.
Les trois dernières filles d'Édouard
Pradel naquirent à l'Hôpital de la Kasbah (Paulette
en mars 1921, Magdeleine en juin 1922 et Jacqueline en 1925 (Souvenirs
de Gérard Orgeollet, petit-fils d'Édouard Pradel).
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Au début des années 30, un nouvel hôpital (Hôpital Lyautey)
moderne et plus facile d'accès fut construit sur le Plateau
administratif de Talborjt.
La famille Pradel quitta la Kasbah après 1930 pour occuper
une villa au Square Briand puis s'installa vers 1948 à
la villa Janine, rue de Stockholm, en Ville Nouvelle.
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