Jusqu'au séisme, les hommes et les
femmes de la Kasbah gardèrent les coutumes vestimentaires
selon la pure tradition ancestrale alors qu'à Talborjt
on pouvait constater une évolution vestimentaire en lien
avec le brassage de population arabe, berbère, juive,
européenne. Les habitants de la Kasbah étaient
à la fois des citadins et des blédards, un pied
ici et un autre là-bas.
Les femmes
étaient très actives pour tous les travaux et initiatives
à prendre.
Elles portaient le haïk blanc qui les enveloppait
complètement et des belgha aux pieds.
Elles portaient en hiver le haïk de
laine blanche, et en été ou en intersaison,
le haïk de coton noir.
Elles ne quittaient jamais leurs bijoux de poignets, de cou,
de tête, de poitrine et de pieds.
Elles ne sortaient que si le khôl était mis.
Elles gardaient le souak d'écorce de noyer le plus longtemps
possible pour obtenir une couleur foncée de leurs gencives
et de leurs lèvres. Les hommes l'utilisaient également
mais brièvement pour se différencier des femmes.
Les femmes utilisaient le henné sur leurs cheveux, mains
et pieds. Seuls les hommes de plus de 55 ans pouvaient l'utiliser
sur leur barbe pour cacher les poils blancs.
À la maison, les femmes cachaient leurs cheveux sous un
foulard de tête sauf une mèche appelée Taounza
sur le front qui donnait du charme au visage.
Pour les sorties ou à la maison, elles se servaient d'un
grand foulard frangé multicolore portant le nom de
Babariz (Foulard de Paris). Elles ne sortaient jamais sans
le petit haïk en tissu léger qui va de la
tête jusqu'au nombril. Quand elles croisaient des hommes,
elles rapprochaient les deux ailerons pour cacher le menton,
la bouche et le nez.
Le pantalon traditionnel (seroual) était porté
aussi bien par les hommes que par les femmes.
Les hommes portaient
une djellaba, et sur le crâne, un turban ou rezza.
Le poids ou la longueur du turban différait selon l'âge
et les responsabilités. Le turban était de couleur
blanche. Il était enroulé de droite à gauche
en spirale avec un demi-tour vers le bas et l'autre vers le haut
et un second tour en inversant pour solidifier l'assise et le
maintien. On ne couvrait pas le centre du crane pour le laisser
respirer. Le front devait être bien dégagé
pour montrer que l'homme était courageux et faisait face
à ses responsabilités. Le turban avait beaucoup
d'importance sur le plan symbolique. Quand l'homme demandait
que justice lui soit rendue, il enlevait son turban et l'agitait
en réclamant qu'on lui rende justice. Il faisait la même
chose quand il avait failli et qu'il demandait la clémence,
il lui arrivait parfois de déposer son turban chez le
vendeur le temps d'aller chercher l'argent pour payer, etc
Les hommes de la Kasbah portaient un poignard
(Elkoumite, Kummiya en ar.), non pour se défendre
ni pour agresser, mais pour montrer "qu'on était
un homme".
Ils portaient un Ajbir (sacoche en
cuir brodée ou pas dont la partie supérieure se
repliait) alternativement du côté droit ou du côté
gauche.
Au-delà de quarante ans, les hommes
portaient une courte barbe sans moustache. Ils se rasaient la
tête tous les quinze jours.
Au-delà de cinquante-cinq ans, la plupart des hommes faisaient
la saignée nucale traditionnelle.
|
|
Le vendredi, les hommes s'habillaient comme pour un jour de fête
jusqu'à la prière de prêche. Les femmes faisaient
le petit henné (mains seulement) dès le matin ou
la veille au soir.
Le parfum "Rêve d'or" était parmi
les parfums, le plus utilisé, le vendredi et les jours
de fête. Dans certaines maisons, on aspergeait les invités
de ce parfum et le maître de maison vous disait au revoir
avec un geste de la main répandant délicatement
le parfum, geste qu'il tenait lui-même de son père.
Le parfum chassait les mouches et les moustiques de même
que le basilic qu'on aimait avoir en pot dans la cour.
Entre les vêtements d'un Juif et ceux d'un Musulman, il
y avait parfois si peu de différence que c'était
à la prononciation des mots qu'on les distinguait ; le
musulman disait Sidi Mohamad et le Juif Chidi Mohammad.
Cependant le Juif ne portait jamais de rezza mais une calotte
noire qui ne couvrait pas toute la tête. Les tempes
étaient couvertes de cheveux.
La djellaba noire des Juifs était très ouverte
sur la poitrine découvrant la largement la chemise du
dessous.
Il y avait parmi les habitants de la Kasbah, quelques Noirs mais
peu nombreux. On ne les appelait jamais ainsi mais Issemg
N'Erbi (Noir de Dieu).
Le prénom de la personne était
précédée de Da, diminutif de Dadda,
marque de respect qui signifie plus grand plus fort.
Les habitants de la kasbah avaient l'occasion
de se réunir lors des veillées des Gnawas,
lors des moussems qui se déroulaient chaque année
auprès du tombeau de leurs saints dont celui de Sidi
Boujm'a Agnaou et celui de Lalla Yamna N'Brahim.
Ils pouvaient également écouter quand le calme
tombait sur la Kasbah, les complaintes du musicien-conteur,
joueur de loutar.
|