Habitants de la Kasbah
Agadir Ouflla

 

 
 

 

 En 1926, selon les termes utilisés et les catégories de population étudiées à l'époque, la population de la ville d'Agadir était évaluée à 1.956 habitants qui se répartissaient ainsi (entre la Kasbah, Founti et le Front de mer) :

  • Indigènes : 1.523
  • Européens : 219
  • Français : 214

Recensement du 8 mars 1931 (P. Zeys, p. 229) : 3.085 habitants :

  • Indigènes : 2.233 (Musulmans : 1.967, Israélites : 266)
  • Français : 725 (Citoyens français : 702, Sujets français : 22,
    Protégés français : 1)
  • Européens : 123 (Espagnols : 32, Italiens : 41, autres nationaux : 50)

La Kasbah comptait près d’un millier d’habitants avant le séisme (entre 700 et 1000).

 

Parmi les habitants de la Kasbah, se trouvaient les familles :

Aït Bihi Oulhadj (famille Kassidi) - Aït Bouaddi (belle-famille de Hadj Ahmed Sidinou) - Aït Es-Salhi - Aït Oukherraz - Messâoudi (propriétaires actuels de Monoprix et Mer et Soleil) - Aït Lyazid Bijamane - Aït Lahcen Ou Brahim qui fut infirmier - Aït Oumzil - Aït Hmmou - Aït Itrou - Aït Mellouk - Aït Baâmrane - Aït Nbou - Aït Iskizzi - Aït Bouskhane - Aït Lfakir - Aït El Qadi - Aït Atrecha - Aït Moulay Thami - Aboudhak - El Qyami - Ladimat - Igueddi - Oumast - Chanane - Tama - Nmili - Ilal.

Les habitants de la Kasbah vivaient modestement pour la plupart. Certains étaient pêcheurs et vivaient chichement de leur pêche, d'autres étaient porte-faix ou dockers au port d'Agadir. Certains cultivaient quelques lopins de terre à Tagadirt juste derrière Agadir Ouflla. On pouvait voir les parcelles en terrasse entourées de jujubiers et quelques enclos pour recevoir les animaux.
Les enfants allaient à l'école coranique, et dans les années 50, à l'école musulmane de la Kasbah qui dépendait de M. Simon.
La plupart des familles juives du Mellah avaient migré à Talborjt lors de la construction de ce quartier vers 1930.
 

 

 

Jusqu'au séisme, les hommes et les femmes de la Kasbah gardèrent les coutumes vestimentaires selon la pure tradition ancestrale alors qu'à Talborjt on pouvait constater une évolution vestimentaire en lien avec le brassage de population arabe, berbère, juive, européenne. Les habitants de la Kasbah étaient à la fois des citadins et des blédards, un pied ici et un autre là-bas.


Les femmes étaient très actives pour tous les travaux et initiatives à prendre.
Elles portaient le haïk blanc qui les enveloppait complètement et des belgha aux pieds.

 
 

 
 

 

Elles portaient en hiver le haïk de laine blanche, et en été ou en intersaison, le haïk de coton noir.
Elles ne quittaient jamais leurs bijoux de poignets, de cou, de tête, de poitrine et de pieds.
Elles ne sortaient que si le khôl était mis.
Elles gardaient le souak d'écorce de noyer le plus longtemps possible pour obtenir une couleur foncée de leurs gencives et de leurs lèvres. Les hommes l'utilisaient également mais brièvement pour se différencier des femmes. Les femmes utilisaient le henné sur leurs cheveux, mains et pieds. Seuls les hommes de plus de 55 ans pouvaient l'utiliser sur leur barbe pour cacher les poils blancs.
À la maison, les femmes cachaient leurs cheveux sous un foulard de tête sauf une mèche appelée Taounza sur le front qui donnait du charme au visage.
Pour les sorties ou à la maison, elles se servaient d'un grand foulard frangé multicolore portant le nom de Babariz (Foulard de Paris). Elles ne sortaient jamais sans le petit haïk en tissu léger qui va de la tête jusqu'au nombril. Quand elles croisaient des hommes, elles rapprochaient les deux ailerons pour cacher le menton, la bouche et le nez.
Le pantalon traditionnel (seroual) était porté aussi bien par les hommes que par les femmes.

 

Les hommes portaient une djellaba, et sur le crâne, un turban ou rezza.
Le poids ou la longueur du turban différait selon l'âge et les responsabilités. Le turban était de couleur blanche. Il était enroulé de droite à gauche en spirale avec un demi-tour vers le bas et l'autre vers le haut et un second tour en inversant pour solidifier l'assise et le maintien. On ne couvrait pas le centre du crane pour le laisser respirer. Le front devait être bien dégagé pour montrer que l'homme était courageux et faisait face à ses responsabilités. Le turban avait beaucoup d'importance sur le plan symbolique. Quand l'homme demandait que justice lui soit rendue, il enlevait son turban et l'agitait en réclamant qu'on lui rende justice. Il faisait la même chose quand il avait failli et qu'il demandait la clémence, il lui arrivait parfois de déposer son turban chez le vendeur le temps d'aller chercher l'argent pour payer, etc…

 

 

Les hommes de la Kasbah portaient un poignard (Elkoumite, Kummiya en ar.), non pour se défendre ni pour agresser, mais pour montrer "qu'on était un homme".

Ils portaient un Ajbir (sacoche en cuir brodée ou pas dont la partie supérieure se repliait) alternativement du côté droit ou du côté gauche.

Au-delà de quarante ans, les hommes portaient une courte barbe sans moustache. Ils se rasaient la tête tous les quinze jours.
Au-delà de cinquante-cinq ans, la plupart des hommes faisaient la saignée nucale traditionnelle.

 


Le vendredi, les hommes s'habillaient comme pour un jour de fête jusqu'à la prière de prêche. Les femmes faisaient le petit henné (mains seulement) dès le matin ou la veille au soir.
Le parfum "Rêve d'or" était parmi les parfums, le plus utilisé, le vendredi et les jours de fête. Dans certaines maisons, on aspergeait les invités de ce parfum et le maître de maison vous disait au revoir avec un geste de la main répandant délicatement le parfum, geste qu'il tenait lui-même de son père.


Le parfum chassait les mouches et les moustiques de même que le basilic qu'on aimait avoir en pot dans la cour.

Entre les vêtements d'un Juif et ceux d'un Musulman, il y avait parfois si peu de différence que c'était à la prononciation des mots qu'on les distinguait ; le musulman disait Sidi Mohamad et le Juif Chidi Mohammad. Cependant le Juif ne portait jamais de rezza mais une calotte noire qui ne couvrait pas toute la tête. Les tempes étaient couvertes de cheveux.
La djellaba noire des Juifs était très ouverte sur la poitrine découvrant la largement la chemise du dessous.

 

 



Il y avait parmi les habitants de la Kasbah, quelques Noirs mais peu nombreux. On ne les appelait jamais ainsi mais Issemg N'Erbi (Noir de Dieu).

Le prénom de la personne était précédée de Da, diminutif de Dadda, marque de respect qui signifie plus grand plus fort.

Les habitants de la kasbah avaient l'occasion de se réunir lors des veillées des Gnawas, lors des moussems qui se déroulaient chaque année auprès du tombeau de leurs saints dont celui de Sidi Boujm'a Agnaou et celui de Lalla Yamna N'Brahim.

Marabouts


Ils pouvaient également écouter quand le calme tombait sur la Kasbah, les complaintes du musicien-conteur, joueur de loutar.

Musicien conteur de la Kasbah