Dans tous les villages perchés, dans
tous les Igoudar (agadir au sing., grenier citadelle)
du Sud marocain, l'eau est un problème crucial. Alors
que Founti, au pied de la Kasbah, disposait d'une source abondante
d'eau claire, la Kasbah en était dépourvue. Il
fallait donc aller chercher l'eau, là où elle se
trouvait, la collecter et la stocker, et recueillir chaque fois
que possible les eaux de pluie dans des citernes.
Citernes, réservoir d'eau et fontaine
publique dans l'enceinte de la Kasbah
Le plan de la Kasbah d'Agadir levé
en 1901 par le capitaine Larras montre au centre de la Kasbah
des grandes citernes (tanoutfi, pl. tinoutfiouine). Il
s'agissait de fosses rectangulaires recouvertes, soit en voûtes,
soit par des dalles de pierre portées par des troncs d'arganiers.
L'étanchéité était réalisée
par l'application très soignée d'un enduit à
base de chaux très résistant comme on peut le constater
dans tous les Igoudar du sud marocain.
Chaque maison possédait une ou deux citernes et une fosse
septique à l'opposé des citernes d'eau de pluie
pour éviter toute contamination.
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Ceux qui le pouvaient, allaient chercher l'eau
à la source de Founti pour faire le thé et pour
la consommation d'eau potable. La corvée revenait aux
femmes, à pieds portant les jarres sur le dos retenues
par une corde frontale, ou dans des conditions plus favorables,
accompagnées d'ânes porteurs.
En 1957, le
premier gouverneur du Souss, Abdeslam Sefroui, décida
de faire construire un château d'eau dans la Kasbah.
L'eau était pompée à Founti dans un petit
château d'eau intermédiaire construit près
du camp Alibert. De là, un autre système de pompage
envoyait l'eau à la Kasbah. La canalisation était
souterraine, passant par la porte de la Kasbah, le long de la
mosquée et des remparts nord-ouest jusqu'au château
d'eau.
Depuis le château d'eau, l'eau parvenait à la
fontaine publique ainsi qu'à quelques dizaines d'abonnés
avec compteurs.
Citernes extérieures
À l'extérieur des remparts de
la Kasbah, des citernes (1-4-5-6) avaient été construites
pour permettre un approvisionnement en eau non potable comme
pour laver le linge ou abreuver les animaux. Le linge était
lavé avec des plantes poussant sur la colline de la Kasbah
comme la saponaire (Saponaria glutinosa) (Tighcht),
puis mis à sécher sur une dalle lisse. Les citernes
permettaient également d'abreuver les troupeaux de dromadaires
des caravanes de passage.
Deux autres citernes dites
citernes Makhzen (8-9) se trouvaient à l'extérieur
des murailles du côté du marabout de Sidi Boujm'a
près du bastion nord-ouest.
Une grande citerne nommé "Bassin portugais"
(7) était située dans le virage de la route d'accès
à la Kasbah côté ouest. |
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Après le séisme, le seul bâtiment
survivant au milieu du champ de ruines de la Kasbah intra muros
fut le réservoir d'eau.
Sur la route d'accès à la Kasbah, on retrouve facilement
le Bassin portugais au-dessus du virage à angle droit.
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