Le plus vieux souvenir que j'ai de Founti était un 14 juillet, sans doute en 1949 ou 1950 (Je suis né le 14 juillet 1945).

Il y avait une réception dans le jardin de la Maison de France. C'était la première maison à l'entrée de Founti lorsque l'on venait de Mogador par la route nationale. Il y avait une guérite à l'entrée avec dedans un légionnaire au képi blanc et aux lunettes de soleil qui était toujours immobile au garde à vous. Dans le jardin, la plupart des hommes étaient en uniforme blanc. Les femmes étaient endimanchées. J'avais un short blanc, une chemise blanche, des socquettes blanches et des sandalettes blanches.

Pas de chaouch en tenue d'apparat pour servir, seulement des européens en blanc.
On m'a demandé ce que je voulais boire et comme je ne répondais pas, quelqu'un a dit une orangeade.
Alors le monsieur a pris une bouteille ornée de rubans, a mis son doigt dans un anneau et a tiré dessus. L'anneau était attaché à un fil de crin qui descendait dans la bouteille jusqu'à un second bouchon en bas du goulot qui était renflé au milieu. En tirant sur l'anneau, le bouchon du bas s'enlevait et l'essence d'orange qui était dans le goulot descendait se mêler avec le jus plus bas. Ensuite, on enlevait le bouchon du haut avec un tire-bouchon.

Je suis resté pour voir l'ouverture d'autres bouteilles. J'étais moins intéressé par les gens que par ces bouteilles que je n'ai jamais revues.

(Souvenir de Michel Granger pour le Lien des anciens d'Agadir et du Souss).