Source de Founti

 

 

"Le site où les Portugais s'installèrent en 1505 porte encore de nos jours (il s'agit de 1934) le nom de Founti" (P. de Cénival, SI, Portugal, I, 1934, p. 243, n.1). L'enceinte du fortin englobait une source qui jaillissait à cet endroit. Cette source d'eau très douce et abondante et d'excellente qualité justifiait l'emplacement choisi par les Portugais.
C'est pour cette raison qu'elle fut enfermée à l'intérieur de la forteresse portugaise. Le capitaine qui dirigeait Santa-Cruz créa un poste de fonctionnaire chargé de veiller à la propreté et à l'entretien de la source. Le fonctionnaire en question, Antonio Péres Coelho, percevait une solde double pour être guetteur du bastion du " Facho " et pour nettoyer les sources (p. 253, note 32, Figanier).

En mars 1792, l'agent consulaire J.-G. Jackson au cours de son séjour à Agadir, écrit ceci :
"Au Sud et à l'Ouest au pied de la montagne sur la rive de la mer se dresse une ville appelée par les Chleuhs, Agurem. Il existe une source abondante d'eau excellente à Agurem, construite et ornementée par les Portugais quand ils occupèrent la région et appelée par eux Fonté dont le nom a été conservé et appelé ainsi par les Européens.
Les armoiries royales du Portugal sont visibles, sculptées dans la pierre sur le réservoir"
(James Grey Jackson, lettre III, 20 mars 1792, p. 65).
 

 
14 Juin 1913 : Occupation française - Débarquement d'une garnison à Founti.
Le capitaine Caillod (chef du Génie) reçut l'ordre de débarquer avec les marins du "Du Chayla" et de se rendre immédiatement avec le médecin du navire au point d'eau de Founti pour établir de suite un projet pour le curage et la garde de ce point, et l'assainissement de l'eau. La 7e Cie du 3e Zouaves occupa à mi pente le Fort Portugais et détacha une section au Point d'eau à Founti (1913, L'occupation d'Agadir, l'Armée d'Afrique, juin 1929, N°56, capitaine V. Poulain).
 

 

 

En juillet 1913, le chef de bataillon Decherf qui commandait le Poste d'Agadir fit "étudier par le Service de Renseignements le projet de dégagement du blockhaus de la source de Founti dans un rayon de 50 mètres". Il ressortait des déclarations des habitants de Founti que "la partie de terrain comprise entre les anciens remparts portugais de Founti (environ 1500 m2) appartenait au Maghzen" CADN, N° 49, objet : Blockhaus de Founti, Chef de bataillon Decherf, 25 juillet 1913).

Peu après le débarquement de la garnison (juin 1913), la source de Founti fut nettoyée pour alimenter la troupe.
Une pompe permit de capter l'eau de la source et les soldats venaient chercher l'eau avec des mulets et des tonnelets.

 

Au début, l'eau coulait nuit et jour sans robinet par deux sorties. Une rigole longue de quelques 10 mètres servait à l'abreuvage des animaux.

Un jour sur deux, les militaires du camp Alibert (Génie Militaire) enfin ceux qu'on surnommait "Lastrasse", venaient abreuver les chevaux et les mulets, uniquement la nuit, par groupe de 50.
Une ou plusieurs sources se trouvaient près de l'endroit où fut construite la maison de France. Une pompe à hélices (Chicago) fut installée.

L'ingénieur civil Jean Raymond décrivait en 1921, tout au bord de la mer, une source assez importante qui fournissait en grande partie l'eau potable de la population d'Agadir.
Il existait également plusieurs puits sur la plage même au débouché des oueds à sec.
Les courants souterrains qui circulaient dans les thalwegs des oueds se trouvaient à une profondeur de 3 à 5 mètres. La couche imperméable amenait les eaux souterraines à la mer à cette profondeur régulière (J. Raymond, p. 33).
Les femmes de Founti venaient sur la plage près des rochers naturellement alignés en bandes, laver le linge en le foulant aux pieds et ce, jusqu'à la construction du port à l'endroit appelé Taghart Imimen : la plage aux eaux douces.
 

 
 

En septembre 1921, le chef de bataillon Demillière (commandant le Cercle Autonome d'Agadir) informa que les travaux d'adduction d'eau de la ville d'Agadir étaient achevés et que la conduite d'eau principale partant du réservoir traversant le 1er secteur de la ville nouvelle et le village de Founti, était construite.
La 1ère borne fontaine d'Agadir fut inaugurée le 4 septembre 1921 en présence de M. Monat (ingénieur subdivisionnaire de Marrakech). Le pacha d'Agadir, Si Mohamed Ben Lahssen Ksimi, remercia vivement le Makhzen et le Protectorat pour l'alimentation en eau du village.
En 1925, l'adduction d'eau réalisée en 1922-1923 se montrait insuffisante (200 m3 maximum par jour au lieu de 600 m3 escomptés). Des recherches furent menées pour trouver une nouvelle adduction (CADN, Note au sujet de l'ouverture du Port d'Agadir, Service des Renseignements, Rég. de Marrakech, 4 novembre 1925).
 
En 1927, le débit de la conduite amenant l'eau potable de la source de Tildi à Founti suffisait à peine à la consommation de la population actuelle (CADN, 1927, Ph. Boniface, Rapport de stage de contrôleur civil).
Cette source, captée en 1921, fournissait en hiver une moyenne de 150 m3 par 24 heures et 125 m3 en été. En temps ordinaire, elle suffisait à peine aux besoins des 2500 habitants (Européens 1500 et Autochtones) et de leur bétail (500 têtes). En 1927, la sécheresse fut telle que fin mai, le débit de la source n'était plus que de 100 m3. Des puits furent remis en service. La source du Marabout de Founti ne produisait plus qu'une eau magnésienne impropre à la consommation. On songeait à rouvrir les puits qui étaient au nombre d'une dizaine en bordure de mer entre Tanout ou Roumi et le port (CADN, 1927, Ph. Boniface, Rapport de stage de contrôleur civil, p. 37-8).
 

 
Une fontaine publique sera construite en 1928 auprès du palmier séculaire. L'eau de cette fontaine provenait de la source de Tildi et non de la source de Founti. Les habitants donnèrent à ce lieu le nom d'Iggui Lbod ("Au-dessus du robinet") (Roussafi, Jafri, Kiker, Mémoires d'Agadir au XXe siècle, TI, 1901-1945, p. 44).