Route d'Agadir à Mogador-Essaouira

 

Création de la piste carrossable entre Agadir et Mogador

La construction d'une piste carrossable entre Mogador et Agadir fut décidée en 1920 (CADN - Note 2099 S.G.P., paragraphe 4 du 30 mars 1920). Des tronçons de cette piste existaient déjà entre Mogador et Dar Caïd Tamri ainsi qu'entre l'oued Tamraght et Agadir. Il restait à créer la piste sur un parcours total de 38 km dans sa partie la plus délicate.

En 1920, le lieutenant colonel Freydenberg, commandant le Cercle d'Agadir, proposa au Résident général de terminer la piste entre Tamraght et Agadir en trois mois maximum pour un coût de 50 000 Fr.
Le tronçon de piste entre le Cap Ghir et l'Oued Aït Tameur posait des problèmes de construction en raison de sables mouvants qu'on y rencontrait et des ravineaux profonds qui découpaient le terrain. Le service du Génie estimait qu'il valait mieux abandonner la piste de la côte et traverser le plateau d'Aferni, rectifier la partie de l'Oued Aït Tameur au plateau d'Aferni, terminer les 400 m pour arriver sur le plateau, traiter la partie sur ce plateau (3,5 km) et réaliser la descente sur Tigguert (5km) moyennant 58 500 Fr. Ce devis ne prévoyait aucun ouvrage d'art.

L'ingénieur des Travaux Publics, M. Monat, préférerait quant à lui, que la piste carrossable suive la côte selon le tracé de la "piste dite arabe" pour éviter les difficultés résultant de la verticalité de la berge sud du plateau d'Aferni et le peu de consistance du sol de la berge nord de ce plateau. Le commandant du Cercle de Mogador était du même avis, tout en suggérant de déplacer la piste vers l'est pour éviter les sables. Par ailleurs, il préconisait la construction d'un pont au plus près de l'embouchure de l'oued en raison des difficultés au passage de cet oued mais les dépenses étaient trop importantes. Une commission composée de l'ingénieur Monat et du commandant Lepoivre (représentant le Génie) devait se rendre sur place le 14 avril 1920 à Dar Caïd Tamri (Source CADN. 1920, Note N°2, Création d'une piste carrossable entre Mogador et Agadir).

 

La commission réunie à Agadir le 15 mars 1921 émit le vœu qu'une liaison soit assurée avec Mogador par un service régulier d'automobiles servant au transport des voyageurs dès que l'état de la piste le permettrait (CADN, PV de la Commission réunie à Agadir les 13-14-15 Mars 1921 en vue d'examiner les problèmes que pose l'ouverture du port d'Agadir au commerce).
En 1923, selon le capitaine Mondet, la piste côtière longue de 165 km de Mogador à Agadir, n'était praticable qu'aux automobiles légères et sa transformation en route était à l'étude : déjà quelques kilomètres étaient achevés à proximité d'Agadir. Son tracé très accidenté mais aussi très pittoresque était de nature à accroitre pour nombre de touristes le charme de l'excursion. Entre l'Oued Aït Tameur et Agadir, la piste contournant le massif de l'Aferni, longeait ensuite l'océan offrant des sites remarquables. Elle était praticable aux voitures et aux arabas (carrioles à 2 ou 4 roues) la plus grande partie de l'année.


Toutefois après les pluies d'hiver, certaines parties de la route devenaient impraticables pendant quelques jours à tous les véhicules quels qu'ils soient. Parfois même, en cas de fortes crues des oueds, les cavaliers et les piétons ne passaient pas. Par contre l'été, les camions légers et les camionnettes pouvaient facilement circuler (Source CADN, Rapport Mouveaux, 1925).

En 1925, Agadir était relié à Mogador par une route accessible aux automobiles et camionnettes à l'exclusion des camions lourds. Des crédits furent réclamés pour que cette route soit achevée en 1926 (CADN, Note au sujet de l'ouverture du Port d'Agadir, 4 novembre 1925).
Après avoir contourné le cap Ghir, la route gagnait Agadir après une quarantaine de kilomètres en corniche le long des dernières pentes de l'Atlas surplombant l'océan.

 
 
 
 
 
 
 

En novembre 1925, la route d'Agadir à Mogador était accessible aux automobiles et camionnettes à l'exclusion des camions lourds. Il était prévu d'achever la route en 1926 de façon à la rendre accessible à tous les véhicules (CADN, 4 novembre 1925 Note au sujet de l'ouverture du Port d'Agadir, SR, Région de Marrakech).
Cette superbe route (R 25) arrivait à Founti et en constituait la rue principale qui fut construite entre 1922 et 1924 (Paul Zeys, p. 176) et goudronnée en 1925-6. Des palmiers furent plantés vers 1927 le long de l'océan.
La rue principale construite à flanc de coteau traversait Founti de part en part ; rue en balcon qui surplombait la mer en longeant un muret et la haute muraille qui la protégeaient des vagues. Elle n'était bordée de maisons que du côté de la montagne ; quelques palmiers côté mer.
En mai 1928, le jeune sultan Sidi Mohamed Ben Youssef, fit une tournée des ports du Sud dans la 2ème quinzaine de mai, en voiture découverte empruntant la belle route et traversa Founti accompagné d'El Mammeri et du grand vizir El Mokri, accueillis par le résident Steeg, le général Huré (commandant la Région de Marrakech) et le lieutenant Marratuech (commandant le Cercle d'Agadir).

Dans les années 50, la route 25 qui traversait Founti (rue Principale, rue Alibert) ne permettait plus une circulation automobile normale en raison de l'accroissement du trafic, des éboulements et de son étroitesse surtout du passage des camions. Avec la construction du port en 1953, un nouveau tronçon de route fut créé sur les remblais, longeant le port en direction d'Anza pour rejoindre la R 25 avant la Cimenterie à Anza.

 

Après le séisme, la route d'Essaouira fut à nouveau modifiée : l'ancienne route longeant le port conduit maintenant au port de commerce et à Anza ; la nouvelle route d'Essaouira passe à Founti à mi-pente entre Sidi Boulknadel et la route qui conduit à la Kasbah.