1917 - Pierredon
décrit Agadir et Founti lors de la Campagne
du Souss (1917) |
"À pic, au-dessus de la rade,
s'élève la citadelle : ses murs blancs ceignent
l'étroite arête. Tout est gris aux alentours, d'un
gris mêlé de pâles taches vertes, et les monts
de l'Atlas jettent jusque sous les premiers flots de la plage
leurs bancs parallèles de rochers chaque hiver plus ruinés.
Au pied du piton, collé sur la corniche exigüe, un
bourg minuscule, Founti a été occupé
par le Service de Renseignements qui le rebâtit
peu à peu, et qui a installé près de là,
le camp de la garnison (Camp A ou Camp Haïda).
De Founti à Agadir (Agadir : La Kasbah), les Français
depuis qu'ils ont débarqué, ont construit des chemins
en lacets qui entaillent la montagne et permettent de monter
à la citadelle sans se livrer à des prodiges d'alpinisme.
Mais les habitants d'Agadir préfèrent encore le
raccourci effarant qui dégringole à travers les
rochers et les touffes de plantes grasses.
Founti qui compte à peu près autant d'habitants
qu'Agadir (environ 500 personnes) est plus vivant. Les
habitants d'Agadir distinguent deux quartiers dans
Founti, séparés par la coupure d'un oued
sec : à l'Est, Agouram, qui signifie le marabout
en chleuh, et à l'Ouest, Founti qui vient peut-être
du portugais fonte qui signifie fontaine.
C'est une longue rue en balcon au bord de la mer, avec trois
ruelles en retrait, mais les koubbas de deux marabouts
lui donnent de loin un aspect pittoresque. De près, l'un
de ces marabouts (Sidi Boulknadel) avec ses fenêtrons
posés de guingois, est même fort plaisant.
Hormis les koubbas, Founti possède des boutiques
où l'on vend du sucre, du café, des bougies et
un peu de cotonnade, quelques maisons privées et un sale
petit recoin où les filles du dernier ordre offrent, dans
des niches de troglodyte d'une saleté indescriptible,
les illusions de l'amour aux âmes fortes et bien trempées.
Les paysans des environs viennent à Agadir essayer d'écouler
les produits de leurs champs aux Européens. Leurs femmes
aussi, les plus pauvres du moins, viennent offrir de l'herbe
et des ufs : elles ne semblent pas avoir un souci excessif
de la vertu.
En réalité tout ceci est morne
et le restera tant que le port sera fermé, tant qu'une
vie commerciale n'aura point été créée
dans ces régions " (1917, France Maroc, N° 10
Agadir Ighir - Pierredon).
Dès l'occupation française d'Agadir
en juin 1913 et la création du Poste militaire d'Agadir,
Si El Hadj Abderrahman ben Mohamed El Guellouli (représentant
le caïd des Ida Ou Guelloul) fut nommé pacha d'Agadir.
La garnison se livra avec l'aide des ouvriers autochtones à
des travaux de construction et d'aménagement qui améliorèrent
Agadir et Founti et permirent de faire d'Agadir la base de ravitaillement
pour la Colonne du Souss (France-Maroc, Agadir N'Ighir,
octobre 1917, N°10, pp. 21-25 Georges Pierredon, alias Henry
Dugard, La conquête du Maroc, La conquête du Souss
(janvier - juin 1917) (Agadir N'Irir, pp. 77-87, Perrin
et Cie, Libraires-Éditeurs, 1918)
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