En 1871, l'explorateur espagnol Joachim Gatell se rend à Agader :

 
 "Au N-O et à 100 mètres d'Agader, en descendant la montagne, on rencontre un petit fort avancé, très ancien, bâti en pierres et à la chaux, et pouvant contenir six pièces d'artillerie, mais il est actuellement totalement dépourvu de canon. Il commande le chemin de Mogador et la partie la plus accessible de la montagne. Au bas de celle-ci, vers le sud et au bord de la mer, se trouve un faubourg nommé Fonti, composé de cinquante maisons et d'une population de deux cents âmes."


Il renferme une petite mosquée sans tour, trois kobbas ou sanctuaires, une fondaque ou auberge qui contient cinq appartements, un puits, une fontaine et une motfia ou réservoir d'eau. On y voit les restes d'une ancienne muraille construite par les Européens.


Founti se relie à Agader par un sentier qui contourne la montagne et passe par le petit fort dont je viens de parler. Ce sentier, quoique rapide est accessible aux animaux. Il en existe un autre qui passe de l'autre côté de la montagne mais il est d'un accès difficile.



C'est par Fonti que passe la seule route qui conduit de Mogador au Sous, le long de la côte. À chaque extrémité du village, elle traverse deux portes qu'on ferme pendant la nuit. À l'une d'elles, celle qui regarde Mogador, se trouve un poste chargé de percevoir des droits sur les bêtes de somme qui y passent " [ …] ;

La plage est basse et ne présente aucun mouillage.

Le Sous ne compte qu'un port de quelque importance, c'est celui d'Agader-Iguir. En ce point la côte est à pic puisque la montagne sur laquelle est située la ville, borde la mer. Mais le faubourg de Fonti, placé plus bas, est bâti sur le rivage. À ses pieds s'étendent des rochers qui formaient sans doute la base d'un ancien môle d'une longueur de 200 mètres sur 8 ou 10 mètres de largeur et qu'on pourrait aisément agrandir. Ces rochers s'inclinent vers le sud et leur extrémité forme à l'est un angle rentrant dans lequel s'ouvre une plage longue et étroite à fond de sable et de cailloux. Près de cette plage se trouve une motfia ou réservoir d'eau de construction moderne et à peu de distance du môle contre la mer, un puits construit par les Européens et appelé par les Indigènes Tanout Erroumi (puits des Chrétiens). Le mouillage est tout près du rivage. Il ne compte actuellement que 8 barques de 3 à 6 rangs de rames qui s'occupent de la pêche.

Les vivres sont bon marché à Agader et à Fonti ; le pain y est mauvais ; l'eau de la fontaine de Fonti est bonne, celle du puits est mauvaise ; le poisson est bon et abondant. Le principal produit du pays est l'arganier, mais on y trouve aussi le figuier, la vigne, les plantes potagères. On y élève un assez grand nombre de moutons et de bœufs " [ …] ;

En allant d'Agader-Iguir à Mogador, Gatell dit avoir vu passer par le Souss cent chameaux en moyenne par jour dans un sens, et cent dans l'autre. À Agader-Iguir, chaque chameau paye un droit de passage de 8 blanquillos (un peu plus de 1 réal ou 14 centimes) pour le Trésor du sultan. Les esclaves payent 1 ducat ou mitcal (un peu plus de 5 réaux ou 71 centimes) (1871, Joachim Gatell, Description du Sous, Bull. de la Sté de Géographie, Série 6, Tome 1, pp 81-106).