Moussem Boulknadel et de Sidi Abdallah |
Chaque année en mai, les marins pêcheurs
offraient un repas sacrificiel (El Mârouf) à
Sidi Boulknadel, protecteur des marins, des terriens et
des femmes en perdition.
La fête à Boulknadel durait trois jours. Le Moussem
se déroulait dans l'enceinte du mausolée et disposait
du grand fondouk.
Les marins-pêcheurs se cotisaient et achetaient un veau
ou un buf si la saison avait été exceptionnelle.
Ils faisaient du couscous durant trois jours qu'ils distribuaient
aux démunis.
Le Nadir chapeautait les fêtes religieuses de Boulknadel.
Parmi les manifestations festives qui se déroulaient à
Founti, il y avait sans aucun doute le moussem de Sidi Boulknadel
et la fête de Sidi Abdallah mais également
les séances d'Ahwach très prisées
chez les Chleuhs Soussis.
R'ma chez les Chleuhs marquait le début
des festivités. Elle se déroulait l'après
midi suivant un cérémonial bien précis.
On faisait le sacrifice d'un taureau en l'honneur de quelqu'un
ou des habitants d'un douar puis on présentait les différents
dons et offrandes en nature. Ces dons et offrandes étaient
ensuite confiés au moqaddem, responsable de la cérémonie
de R'ma pour procéder à la vente publique
des dons à la criée.
C'étaient ensuite les préparatifs
de l'Ahwach.
Pour l'Ahwach, les Chleuhs (hommes)
portaient une foukia (chemise) blanche et un ample saroual
(pantalon traditionnel) et par dessus un burnous blanc léger
(Azennar), large cape à capuchon pointu et une
rezza, un turban blanc.
La danse de l'Ahwach est une danse fort ancienne exécutée
par les hommes et les femmes ; danse empreinte de délicatesse.
Dans le silence de la nuit, le raïs d'Ahwach qui ne peut
être que poète et chanteur, se lance dans un long
ouvrage en vers ou en prose qui évoque toutes sortes de
choses de la vie quotidienne, l'amour, les temps anciens, les
faits de guerre, la politique, les émotions, les souvenirs.
Le public se doit d'observer un silence religieux pour que chacun
puisse éprouver l'émotion de la séance d'Ahwach.
Puis éclate une mélopée
lancée sur un ton suraigu, sorte de long cri auquel répondent
les tambourins. C'est alors que commence le chant des hommes
vêtus de blanc immaculé et ceints de la koumia (poignard
traditionnel), chant qui monte crescendo dans la nuit.
Les femmes debout, vêtues de longues robes chatoyantes
et bariolées font tout d'abord un cercle autour des hommes
rassemblés et accroupis autour d'un feu : ceux-ci commandent
le rythme et scandent la mélopée à l'aide
de talountes (tambourins) ; le batteur frappe en cadence
un morceau de métal posé sur le sol avec des barres
métalliques.
Les danseuses se positionnent ensuite sur
deux files, épaule contre épaule ; elles se répondent
en se renvoyant les phrases de la mélodie. Tout en ondulant,
le rythme s'accélère lentement et les hommes et
les femmes évoluent dans une arabesque rythmée
et harmonieuse, lente et envoutante jusqu'au déchainement
musical où se mêlent tamborus (ganga, grands
tambours), bendirs (talounte, tambourins de peau
tendue sur une seule face qui prend une résonnance particulière
à proximité d'un feu)
jusqu'au paroxysme
de la rupture finale ! (Lahnite, T2, p. 130-1).
Les troupes d'Ahwach étaient accueillies
à Founti par la famille Iboudraren (Saadani).
Elles étaient nourries et logées durant 3 jours.
Les femmes occupaient les terrasses et les hommes, la rue Talat.
Pendant les fêtes, du thé et des gâteaux secs
étaient distribués aux participants en plus des
bonbons colorés aux enfants.
Contrairement aux autres quartiers d'Agadir
comme Talborjt et Yachech, Founti ne disposait pas d'une grande
place pouvant contenir des troupes folkloriques et des spectateurs
nombreux. Les fêtes des Îssawa, des Gnawa,
les danses Ahwach se déroulaient chez les patrons
de bateaux de pêche. Certaines familles aisées disposaient
de place dans leurs maisons et occupaient la rue en face pour
les activités folkloriques qu'elles soutenaient.
Le moqaddem conservait le matériel
utilisé pendant le rituel (étendards, vêtements
de cérémonie, brûle-parfum et instruments
de musique). Les Issawa s'habillaient de vert et portaient un
turban jaune. Ils dansaient jusqu'à entrer en transe frénétiquement,
mangeaient des cactus, se flagellaient la tête et le corps.
Le public ne devait pas rire sous peine de se voir molesté.
Les citadins apportaient des offrandes, des tagines, des pains
à partager.
Les petits enfants venaient se faire raser la tête auprès
du guide de la troupe et recevait entre autres du sucre, des
bougies.
Les relations entre le Maroc et les pays africains subsahariens
(on disait le Soudan) aboutirent à partir du XVIeme s.
à l'introduction des rythmes des Gnawa. Les Gnawa sont
pour la plupart descendants d'anciens esclaves noirs.
Les cérémonies gnawi reposent sur d'anciens rites
de possession à visée thérapeutique.
La troupe Gnawa descendait de la Kasbah en musique au son des
guenbri (hajhouj) sorte de luth à 3 cordes et de
registre bas, des qraqeb (crotales), du tbel (grand
tambour).