Les voyageurs ou explorateurs des années 20 remarquèrent que Founti dans son ensemble était plus "vivant" que la Kasbah (Pierredon en 1917) ; Jean Raymond en 1921 avait constaté une certaine animation sur la placette en terrasse (près du Souk) qui surplombait la rue principale ; on pouvait y voir les acrobates du Sous, les chanteurs, les montreurs de singes savants et les charmeurs de serpents (spécialité du Sous). Chaque soir, les gens venaient s'accroupir tout autour des artistes, passant de longues heures à mêler chants et prières (J. Raymond, Dans le Souss mystérieux, 1923).

 

 Moussem Boulknadel et de Sidi Abdallah

Chaque année en mai, les marins pêcheurs offraient un repas sacrificiel (El Mârouf) à Sidi Boulknadel, protecteur des marins, des terriens et des femmes en perdition.
La fête à Boulknadel durait trois jours. Le Moussem se déroulait dans l'enceinte du mausolée et disposait du grand fondouk.
Les marins-pêcheurs se cotisaient et achetaient un veau ou un bœuf si la saison avait été exceptionnelle. Ils faisaient du couscous durant trois jours qu'ils distribuaient aux démunis.
Le Nadir chapeautait les fêtes religieuses de Boulknadel.

 R'ma et Ahwach

Parmi les manifestations festives qui se déroulaient à Founti, il y avait sans aucun doute le moussem de Sidi Boulknadel et la fête de Sidi Abdallah mais également les séances d'Ahwach très prisées chez les Chleuhs Soussis.
R'ma chez les Chleuhs marquait le début des festivités. Elle se déroulait l'après midi suivant un cérémonial bien précis. On faisait le sacrifice d'un taureau en l'honneur de quelqu'un ou des habitants d'un douar puis on présentait les différents dons et offrandes en nature. Ces dons et offrandes étaient ensuite confiés au moqaddem, responsable de la cérémonie de R'ma pour procéder à la vente publique des dons à la criée.

C'étaient ensuite les préparatifs de l'Ahwach.

Pour l'Ahwach, les Chleuhs (hommes) portaient une foukia (chemise) blanche et un ample saroual (pantalon traditionnel) et par dessus un burnous blanc léger (Azennar), large cape à capuchon pointu et une rezza, un turban blanc.
La danse de l'Ahwach est une danse fort ancienne exécutée par les hommes et les femmes ; danse empreinte de délicatesse.
Dans le silence de la nuit, le raïs d'Ahwach qui ne peut être que poète et chanteur, se lance dans un long ouvrage en vers ou en prose qui évoque toutes sortes de choses de la vie quotidienne, l'amour, les temps anciens, les faits de guerre, la politique, les émotions, les souvenirs.
Le public se doit d'observer un silence religieux pour que chacun puisse éprouver l'émotion de la séance d'Ahwach.

Puis éclate une mélopée lancée sur un ton suraigu, sorte de long cri auquel répondent les tambourins. C'est alors que commence le chant des hommes vêtus de blanc immaculé et ceints de la koumia (poignard traditionnel), chant qui monte crescendo dans la nuit.
Les femmes debout, vêtues de longues robes chatoyantes et bariolées font tout d'abord un cercle autour des hommes rassemblés et accroupis autour d'un feu : ceux-ci commandent le rythme et scandent la mélopée à l'aide de talountes (tambourins) ; le batteur frappe en cadence un morceau de métal posé sur le sol avec des barres métalliques.

Les danseuses se positionnent ensuite sur deux files, épaule contre épaule ; elles se répondent en se renvoyant les phrases de la mélodie. Tout en ondulant, le rythme s'accélère lentement et les hommes et les femmes évoluent dans une arabesque rythmée et harmonieuse, lente et envoutante jusqu'au déchainement musical où se mêlent tamborus (ganga, grands tambours), bendirs (talounte, tambourins de peau tendue sur une seule face qui prend une résonnance particulière à proximité d'un feu) … jusqu'au paroxysme de la rupture finale ! (Lahnite, T2, p. 130-1).

Les troupes d'Ahwach étaient accueillies à Founti par la famille Iboudraren (Saadani). Elles étaient nourries et logées durant 3 jours. Les femmes occupaient les terrasses et les hommes, la rue Talat.
Pendant les fêtes, du thé et des gâteaux secs étaient distribués aux participants en plus des bonbons colorés aux enfants.

Contrairement aux autres quartiers d'Agadir comme Talborjt et Yachech, Founti ne disposait pas d'une grande place pouvant contenir des troupes folkloriques et des spectateurs nombreux. Les fêtes des Îssawa, des Gnawa, les danses Ahwach se déroulaient chez les patrons de bateaux de pêche. Certaines familles aisées disposaient de place dans leurs maisons et occupaient la rue en face pour les activités folkloriques qu'elles soutenaient.

 

 Fête Îssawa

Chaque année, la fête Issawa se déroulait à Founti à Dar Îssawi qui l'accueillait (en général au mois d'avril).

La Confrérie des Aïssawa est un ordre mystico-religieux fondé par Muhamad Ben Ïssa (Cheikh Al Kamel), Soufi du XVIe s. originaire de Taroudant et dont le mausolée est à Meknès.

Les Aïssawa sont célèbres pour leur musique et leurs rituels de transe. La troupe Issawa utilisait des tambourins, des trompettes locales.

 

Le moqaddem conservait le matériel utilisé pendant le rituel (étendards, vêtements de cérémonie, brûle-parfum et instruments de musique). Les Issawa s'habillaient de vert et portaient un turban jaune. Ils dansaient jusqu'à entrer en transe frénétiquement, mangeaient des cactus, se flagellaient la tête et le corps. Le public ne devait pas rire sous peine de se voir molesté. Les citadins apportaient des offrandes, des tagines, des pains à partager.
Les petits enfants venaient se faire raser la tête auprès du guide de la troupe et recevait entre autres du sucre, des bougies.

 

 Les Gnawa

Les relations entre le Maroc et les pays africains subsahariens (on disait le Soudan) aboutirent à partir du XVIeme s. à l'introduction des rythmes des Gnawa. Les Gnawa sont pour la plupart descendants d'anciens esclaves noirs.
Les cérémonies gnawi reposent sur d'anciens rites de possession à visée thérapeutique.
La troupe Gnawa descendait de la Kasbah en musique au son des guenbri (hajhouj) sorte de luth à 3 cordes et de registre bas, des qraqeb (crotales), du tbel (grand tambour).

 

Leurs cérémonies se déroulaient l'espace d'une nuit (Lila).
Les femmes accueillaient les Gnawa sur les terrasses en poussant des youyous et en lançant du basilic et des clous de girofle. Les Gnawa dansaient sur chaque placette de Founti. Tard dans la nuit, ils regagnaient la Kasbah. En dehors de la Lila, les Gnawa se servaient de percussions et réalisaient des danses sur un rythme répétitif et frénétique.

 

Boujloud (Bilmaoune)

À la fête du mouton, Founti célébrait le Boujloud ou Bilmaoune (l'homme qui porte une peau) en mêlant rythmes des tambours et danses.
La troupe était conduite par Ba El Khader qui restait deux ou trois jours à Founti ; au rythme des tambours, se succédaient les danses de Boujloud, symbole de l'Aïd Al Adha.
Habillés en peaux de mouton, visage teint en noir, pattes de moutons collées aux mains, les Boujloud sillonnaient la ville et récoltaient dons et argent.
On guettait avec une jubilation mêlée d'effroi leur apparition dans les ruelles.
Les Boujloud donnaient rendez-vous sur les petites places de Founti au rythme des danses et des tambours.

 

 Da Ali Boukhou

Da Ali Boukhou animait les fêtes populaires. Il portait tous les jours des habits de fête et visitait tout le monde. Il donnait de la joie à tous les pêcheurs qui revenaient du port et ces derniers le soutinrent toute sa vie jusqu'au séisme.