Le Makhzen,
terme arabe signifiant entrepôt fortifié (magasin
en français) désignait de façon spécifique
l'État marocain.
Il désignait également une unité supplétive
au Maroc : les Mokhaznis.
Au temps du Protectorat, il y avait deux catégories de
Mokhaznis : ceux payés sur le budget de la Guerre et ceux
payés sur le budget du Protectorat.
Un Makhzen comprenait en principe des Mokhaznis montés,
propriétaires de leur monture, des Moghaznis à
pieds et un chaouch gradé marocain chargé de la
discipline intérieure.
- Le Maghzen de la guerre était à la disposition de l'officier
chef de bureau des AI.
Les Moghaznis percevaient une solde nette de toute retenue ainsi
que des vivres (farine, café, sucre, sel) et pour leur
monture une ration journalière d'orge de 5 kg. Ils étaient
armés (uniquement) d'armes individuelles mises gratuitement
à leur disposition par le Service de l'Artillerie mais
ne percevaient par ailleurs aucun matériel.
Ils se remontaient, s'équipaient et s'habillaient entièrement
à leurs frais. Ils n'étaient liés au service
par aucun engagement et pouvaient à tout moment demander
et obtenir leur libération.
Aucune limite d'âge n'était imposée ; seule
leur aptitude physique et leur conduite déterminaient
ou provoquaient leur licenciement.
- Les Mokhaznis entretenus sur le budget
du Protectorat (devenus Makhzens
Chérifiens à compter du 1er novembre 1940),
remplissaient un rôle identique à celui des Mokhaznis
de guerre, mais étaient affectés aux sièges
des Contrôles Civils ou aux Bureaux des AI. Ils prenaient
part comme ces derniers à l'encadrement des harkas et
aux opérations de guerre.
Ils étaient répartis en deux catégories
: les Titulaires et les Auxiliaires ; les premiers servaient
jusqu'à l'âge de 50 ans et à leur libération
recevaient une allocation spéciale prévue par dahir
; les seconds servaient jusqu'à l'âge de 45 ans
et étaient rémunérés à un
tarif uniforme et recevaient un pécule à leur libération
pour leur recasement en tribu.
Ils étaient habillés et équipés gratuitement.
Lorsqu'ils étaient montés, ils percevaient une
indemnité d'entretien de monture et bénéficiaient
dans certaines villes d'une allocation de logement.
Les Mokhaznis étaient soumis à une discipline très
stricte dans le service mais en dehors, ils jouissaient d'une
grande liberté.
- Il fut par la suite créé un
Makhzen mobile de police entretenu sur le budget du Protectorat
(créé par décision résidentielle
du 21 février 1938) : groupe de 120 hommes placés
sous le commandement de deux officiers et encadrés par
4 sous-officiers français, disposant de moyens de transports
automobiles et d'intervention rapide, à la disposition
immédiate du Commissaire Résident Général
(CADN, Bulletin mensuel de Documentation musulmane décembre
1938, N°4, DAP, section politique)
Les Mokhaznis de Founti vivaient avec leurs familles dans trois casernements
différents : deux dans le quartier de Founti proprement
dit (à proximité de la Maison de France) et le
troisième près de la Talat dans l'Agourram.
Dans leur fonction de police, les Mokhaznis assuraient l'accompagnement
de missions journalières, seul ou à plusieurs,
du Cheikh, du Moqadem, de l'Amine, des Habous, du Moutahssib
pour le contrôle des prix, de la qualité des produits,
des mesures. Les autorités civiles ne se déplaçaient
jamais pour ces missions sans les Mokhaznis qui bien que non
armés représentaient la force et l'autorité.
D'autres Mokhaznis servaient en tant que chaouchs ou de facteurs
sur lesquels on pouvait compter pour livrer de zone à
zone des écrits confidentiels.
Les Mokhaznis constituaient la haie d'honneur
destinée à accueillir les invités du commandant
au Bureau Arabe.
Ce sont eux qui accueillirent W. Churchill en 1959 avec un nouvel
uniforme.
Des Mokhaznis accompagnaient à pieds
les personnes devant être jugées à Talborjt
et les raccompagnaient ensuite à la prison de Founti.
Ils accompagnaient aussi les gardes forestiers dans leur activité
et leurs déplacements. Ils servaient souvent d'interprètes
entre les autochtones qui ne parlaient que Tachelhit ou Arabe
ou Hassani, et l'autorité en service.
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