Haïda Ou Mouïs
(vers 1830-1917)

 

Haïda Ou Mouïs ben Cheikh Houmad Ben Moussa dit Mouïs Ben Kerroum ben El Hadj Mbarek Ben El Hadj Omar fut comme son père Cheikh Hoummad, un guerrier réputé.


Énergique et prestigieux, l'ancien caïd des Menabha disposait d'influences heureuses et d'attaches utiles comme défenseur de Taroudant et régulateur des Haoura ; il s'était fait une haute réputation de bravoure.


Après avoir été cheikh des Oulad Berhil sous le caïd Ould Chebani dont il épousa la fille, Haïda Ou Mouïs devint caïd des Menabha puis succéda à Hamida comme pacha de Taroudant.
Son commandement s'étendit sur les Haouara. Il soumit les Aït Semmeg, ceux de Tiout, les Ksima et les Guettioua.

En 1903, alors qu'il faisait partie de la mehalla chérifienne lancée contre le rogui Bou Hamara insurgé à Taza, il eut à faire face dans son territoire à Dar Aït Ou Mouïss et à Taroudant à une révolte des Haouara qui chassèrent son khalifa.

Haïda Ou Mouïs fut un des lieutenants de El Hiba jusqu'au désastre de Sidi Bou Othmane en septembre 1913.
Il devint ensuite l'allié des Français et pourchassa El Hiba et ses partisans dans Taroudant ; Taroudant qu'il dégagea en septembre 1913. Il n'eut de cesse de poursuivre El Hiba jusqu'à son dernier refuge à Kerdous.
Dès l'été 1914, une mission dirigée par le lieutenant colonel de Lamothe et composée de quatre officiers accompagnés de quelques mokhaznis put constater que la région de la vallée du Souss et des Chtouka était pacifiée et acquise à la cause française (1923, rapport du capitaine Mondet, pp. 25-26, CADN).
Après les victoires remportées à Tiznit en 1915, Haïda, pacha de Taroudant, reçut le commandement supérieur de toute la région de Tiznit, en relation avec le lieutenant Dorré à Taroudant, le lieutenant Justinard à Tiznit (fin 1916) (Mondet, 1923, CADN).

 


En 1916, l'accostage d'un sous marin allemand dans la région de l'Oued Noun créa une certaine agitation dans la région au profit des partisans hibistes.
Haïda ou Mouïs repartit en guerre en 1917 ; le vieux pacha de Taroudant qui selon sa famille était presqu'octogénaire à ce moment-là, engagea sa mehalla dans le défilé d'Igalfen en pays de montagne sur les rives de l'Assif Tighanimine des Aït Brayim à environ 20 km SSO de Tiznit. Haïda fut tué au 1er rang dans une embuscade tendue au début de l'action le 7 janvier 1917. La mort d'Haïda fut un coup terrible pour les Français (CADN Mondet, 1923, pp 25-26). La tête du pacha fut portée en trophée à El Hiba à Kerdous.
La perte d'Haïda Ou Mouïs décida le général de Lamothe à prendre la tête de la colonne du Souss en 1917 appuyée par les harkas des "grands caïds" pour assurer la sécurité de cette région.
El Hadj Hoummad, fils d'Haïda, se vit confirmé dans tous les commandements de son père : Taroudant, Houara, Menabha et Ras el Oued (1939, M & E Gouvion, Kitab Aâyane al Marhib l-Akça, Sous et Anti-Atlas (Marrakech-Sud) (Cercle dAgadir) Le pacha de Taroudant, TI, pp 419-424).

 

Après la défaite et la mort d'Haïda, on chantait dans la région :

"Asif n Tighanimin, agh ibbi lmenchar asatour,
Nghan igdad lbaz, our soul ksouden iat."

"C'est dans l'oued de Tighanimine que la hache a coupé le tronc,
Les moineaux ont mis à mort le faucon, ils n'ont plus peur de rien".