Camp Alibert
L'autorité militaire installa des troupes en 1917
dans un camp (camp D) auquel fut donné le nom d'Alibert
(Zeys, p. 214-215). Ce camp se trouvait à 100 m d'altitude
au-dessus de la mer au pied de la Kasbah dans la partie de Founti
comprise entre le Marabout de Sidi Abdallah et Aghezdis. Ainsi
les canons de ce camp couvraient les ¾ du champ vers la
mer.
Ce camp était relié au camp Haïda par une
route.
Le trajet de la route principale venant de Mogador fut modifié
pour passer sous le camp Alibert et non au-dessus comme le faisait
précédemment la piste Agadir Mogador.
Le camp était dans une enceinte fermée.
Près de la porte d'entrée côté village
de Founti se trouvaient en contrebas le mausolée de Sidi
N'Bir et un peu plus bas près du rivage, le mausolée
de Sidi Abdallalh.
Un mess, cercle des Sous-officiers fut édifié
ainsi que des structures collectives. En dehors des casernements,
des habitations furent créées pour recevoir les
familles.
Un terrain polygonal côté Aghezdis fut réservé
pour l'usine électrique civile. Une première usine
électrique militaire semble avoir été construite
vers Sidi Abdallah (plan Zeys).
Vers 1928, des tentes coniques pointues furent
affectées aux unités mobiles chargées de
maintenir l'ordre et la paix dans le Souss. Les moyens de transport
étaient alors des chevaux et des mulets (arabas).
En vue de l'installation d'une base navale
dans le port d'Agadir, Lyautey avait annoncé en 1918 que
le Protectorat concéderait gratuitement à la Marine
nationale française, des terrains Maghzen :
Soit une zone de terrain située de part et d'autre de
l'amorce de la jetée en construction à Founti et
limitée :
- par la mer
- une ligne N-S partant de la mer à
environ 250 m. à l'est de la jetée
- par l'enceinte au sud et à l'ouest
du camp
- par la piste actuelle de Mogador telle qu'elle
figure au plan ci-joint
- par le thalweg du 2ème ravin à
partir de l'enceinte nord du camp.
La superficie totale de ces terrains était
approximativement de 12 à 14 hectares. Les terrains qui
comprenaient les ateliers, magasins et dépôts ainsi
que les hangars d'hydravions devraient être protégés
par des murs reliant la mer à l'enceinte du camp.
Des voies d'accès à la jetée par l'est et
par l'ouest avec des portes dans les murs précités
étaient prévues ; la Marine devait laisser libre
sur le terre-plein situé immédiatement à
l'est de la jetée une superficie d'environ 2000 m2 pour
les stockages commerciaux éventuels.
Afin que les portes de la Marine puissent être fermées
sans arrêter la circulation générale, le
tracé de la future route de Mogador au Souss devait être
modifié.
Une superficie de 2 hectares environ à prendre à
l'extrémité de la pointe d'Aghezdis située
à environ 1500 m. au nord-ouest de la pointe Ras Founti,
était destinée à recevoir un ouvrage de
défense côtière.
(CADN - Signé Lyautey, au Contre-amiral Exelmans (Décembre
1918) - 5831S.G.P. A/S des installations de la Marine sur les
côtes marocaines).
Dans le camp Alibert, le mamelon réservé
aux installations militaires fut divisé ainsi :
- La partie qui regardait la mer fut affectée
aux constructions de villas pour les officiers ;
- L'autre partie fut réservée
aux casernements.
Dans les années 30, une école
aurait été ouverte au Camp Alibert pour quelques
enfants marocains privilégiés (fils de cheikh,
du moqaddem, du chef chaouch). Il semblerait que cette école
mixte accueillait également des enfants français.
Allal Issaoui aurait suivi les cours de cette école pendant
5 ans avec d'autres enfants marocains qui seraient devenus interprètes
ou chargés d'autres missions.
Camp Marine
Agadir
Une partie du Camp D nommée "Marine
Agadir" fut réservée aux marins de la
Marine Nationale (et non Aéronavale) en attente
de démobilisation.
Ainsi la famille Humeau arriva en janvier 1947 au camp
Alibert pour y rester jusqu'en 1951, Raymond Humeau (père)
avait été muté de Casablanca à la
Base aéronavale d'Agadir. La maison occupée par
la famille Humeau était située à l'extrémité
du Camp donnant sur l'océan, juste au-dessus du port en
développement. Raymond (fils), âgé à
l'époque de quelques années, se souvient encore
des nombreuses marches pour entrer dans la maison ; les unes
pour monter vers le haut du camp et d'autres pour descendre vers
la plage du côté d'Anza.
Les logements n'étaient pas très
confortables (WC collectifs dans une cabane en bois et abords
pierreux).
Mais la vue sur le port était magnifique.
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Les occupants disposaient d'un potager
le long de la muraille où ils pouvaient faire pousser
des pommes de terres et avoir quelques animaux.
Raymond se souvient de la grande chienne noire
Rita qui allaitait un petit cochon tout rose, du tabouret blanc
taillé par des amis marins et d'un hamac à sa taille.
On pouvait ramener du poisson frais venant du port ; le port
était juste en-dessous et les escapades pleines de découvertes,
les poissons, les sardines grillées
Il y avait un épicier en bas du camp contre le mur du
port peut-être l'épicerie de M. Garcia ; on y avait
accès par un chemin escarpé et glissant, le long
de la route qui longeait le port.
Cet épicier avait d'énormes pots en verre remplis
de bonbons sur son comptoir.
Dans la nuit du séisme, il semblerait
que le premier SOS soit parti de l'ancienne maison de Raymond
Humeau, transformée en radio maritime.
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Au camp Alibert se trouvait un régiment
de Sénégalais.
La famille Grauby était voisine de la famille Guerin.
M. Grauby travaillait à l'Armurerie avec M. Vallet.
Au-dessus de Founti, la compagnie de marins disposait de voitures
amphibies, on voyait des blockhaus avec des canons pointés
sur la mer. Le camp des Marins était entouré de
fils de fer barbelés. (Souvenirs
recueillis sur Agadir 1960).
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