Le séisme d'Agadir (29 février 1960 à 23 h 41 mm)

 

 

 Les recherches ont montré que dans toute l'Afrique du Nord, la zone plissée de l'Atlas saharien, élément le plus méridional de la zone alpine, vient en contact avec le bouclier africain par l'intermédiaire d'un grand accident, l'accident sud atlasique qu'on peut suivre du golfe de Gabès à Agadir (Rothé, Séisme d'Agadir et séismicité du Maroc, Notes et Mémoires du Service géologique N° 154, p. 15, 1962).
Aux environs d'Agadir, l'accident sud-atlasique bifurque et c'est sa branche méridionale (appelée accident préatlasique ou pré-atlasien) qui, à Agadir même, marque le plongement à la verticale des terrains crétacés de l'anticlinorium d'Aït Lamine. La zone épicentrale (zone des dégâts) se superposait presque exactement à l'anticlinorium d'Aït Lamine. La coupe NW-SE publiée par R. Ambroggi montre une corrélation évidente de la structure géologique et de la répartition des intensités macroséismiques à travers la ville d'Agadir. L'intensité maximale s'observait à l'aplomb de la "flexure pré-atlasique" sur laquelle étaient situés les quartiers de Founti, de Yachech et de Talborjt (Rothé p. 15).

 
 


 Les principales destructions jalonnèrent une zone sensiblement parallèle à la flexure sud-atlasique. Les 4 quartiers détruits se trouvaient au voisinage de cette flexure par conséquent à l'aplomb de terrains plongeant presqu'à la verticale. Le quartier de Founti directement accroché sur la pente, au flanc de l'anticlinal de la Kasbah, occupait une exposition très dangereuse (ibidem, p.15).

Au cours de ce séisme, l'intensité macroséismique de degré X de l'échelle internationale dans la zone épicentrale fut attribuée aux quartiers de la Kasbah, de Founti, de Talborjt et de Yachech où les destructions furent à peu près totales.

 À Founti, des fissures furent constatées recoupant plusieurs routes et des éboulements. Une de ces fissures traversait la route principale N°1 à proximité même du port, la recoupant en biais. Son prolongement fut retrouvé en plusieurs endroits en travers des routes qui traversaient Founti ou montaient vers la Kasbah. En un point, le rejet atteignait 30 centimètres. Ces lignes de fissures de direction indépendante de celle des bords des remblais, furent considérées comme des amorces de cassures se superposant à la grande flexure tectonique marquant la retombée sud de l'anticlinal de la Kasbah. Quelques éboulements de faible importance furent observés en particulier le long du talus bordant la route principale N°1 en contrebas du quartier de Founti, à proximité de l'une des lignes de fissures précédentes (J-P Rothé, Le séisme d'Agadir, p. 9, 1962).

 Actuellement, à Founti, il ne reste comme constructions que des mausolées et des routes qui permettent de se rendre au Port, à Anza, à Essaouira et à la Kasbah. Parmi les mausolées seuls Sidi Boulknadel et Sidi Abdallah (inclus dans le port) sont encore en état. La colline illuminée la nuit est couverte de tikiout et de broussailles. Quelques empreintes de maisons, quelques pans de murs et de murailles subsistent.