Souk Bougame 2 ou dernier Souk du Front de mer
 
 

 
Le dernier souk Bougame se trouvait sur le front de mer, au bord du ravin de Talborjt à l'Est de Founti (assez éloigné peut-être en raison des cimetières qui se trouvaient alors sur le front de mer après le ravin El Ghezwa, en face du mausolée de Lalla Sfia).
On sait qu'en 1921, grâce à l'ingénieur civil Jean Raymond qui décrit Agadir en 1921 (Jean Raymond, Dans le Sous mystérieux : Agadir, Revue La Géographie, pp 321-340, N°3, T XXXIX, mars 1923) que le souk se trouvait à cet emplacement au-dessus de l'appontement recevant les livraisons de céréales et ce dont avait besoin la ville naissante.

 Dans les années 20, le port d'Agadir n'était pas encore ouvert au commerce international, seulement à un commerce autorisé concernant des denrées ou matériaux de première nécessité ; aussi, Agadir recevait mensuellement la visite du "Forfait", vapeur de faible tonnage appartenant à la Marine d'État, qui venait ravitailler la garnison et celles des Postes du Territoire (Boniface, 1927, p. 35 ter, CADN). Il était déchargé par des barcasses.

En 1921, si les Européens pouvaient acheter du sucre européen et du vin ordinaire, du pain de l'Intendance à la coopérative militaire (à la sortie de Founti) bien achalandée où tous les Européens civils pouvaient se servir (Agadir en 1921, Dans le Sous mystérieux, Jean Raymond, La Géographie, T39, p. 331, 1923) on trouvait de tout au souk du bord de mer.


En 1921, nous dit Jean Raymond, le souk se tenait deux fois par semaine, à la sortie Est de Founti.
On trouvait dans ce souk de la viande (mouton, chèvre, bœuf), du poulet, des lièvres, des œufs, du beurre beldi, du poisson, de l'huile d'olive et d'argan, des céréales, de l'orge, des légumes en petite quantité (des petits pois verts) et des fruits (oranges) (J. Raymond, p. 331). Les carottes surtout de grande espèce, des fèves, des navets, des oignons provenaient de Tamraght.
On y trouvait également de la laine brute, du charbon de bois, des dattes, des épices diverses, des poissons séchés, des moules cuites, des remèdes, parfois des sauterelles cuites, du sucre, du thé, des allumettes, des babouches, des cotonnades (1925, Général Mouveaux, rapport, CADN).
Les femmes vendaient le pain qu'elles avaient cuit mais aussi les broussailles qu'elles avaient patiemment ramassées et apportées sur le dos.

 
Les femmes de Yachech venaient au souk Bougam pour vendre le bois de chauffe, des moules séchées, de l'huile d'argane et du pain ...


 

 Les jours de marché, il y avait la plupart du temps, des conteurs, des bateleurs, des charmeurs de serpents et des médecins indigènes.
On trouvait sur le marché, la production locale et aussi ce qu'apportaient les Ida Ou Tanane : des dattes, des amandes et des noix en particulier (CADN, 1927, Boniface, p. 35 ter).

Cette photo prise vers 1922 montre les bouchers du souk Bougame ;

on aperçoit sur la gauche la jetée portugaise,
au fond sous le Camp Haïda, les Eaux et Forêts et les bâtiments blancs des Subsistances militaires
et sur la droite le 1er bâtiment Boisseuil non peint.

Sur la photo aérienne du 24 avril 1923 (CADN), non loin de l'appontement construit en 1916, le souk Bougame apparaît nettement délimité avec l'enclos commerçant de tout ce qui était débarqué du port. Le chemin venant de Founti, passant par l'appontement remontait vers le souk pour rejoindre le futur boulevard Bourguignon en construction et le ravin du futur bd Moulay Youssef en cours d'aménagement. Une borne fontaine avait été installée à l'entrée côté boulevard Bourguignon.

 

 


En 1927, le souk Bougame se tenait le dimanche et le mercredi sur le front de mer. Un autre souk avait lieu à Tamraght le jeudi.
Toutefois, le courant des échanges était peu important si on se réfère au montant des adjudications des droits de marché. Celui de Founti était affermé moyennant 1367 francs par mois pour le 1er trimestre de l'année 1927 et 650 francs par mois pour le second trimestre alors que le souk d'Inezgane qui se tenait le mardi et vendredi de chaque semaine était affermé moyennant 4125 francs par mois. Le véritable marché d'approvisionnement était le souk des Ksima à Inezgane. Ce marché était fréquenté par les Ahl Agadir, Ida Ou Tanane, Mesguina, Haouara, Chtouka (Boniface, p. 35 ter)