Mermoz
(1901 - 1936)

 

Personnage hors du commun, c'est la personnalité exceptionnelle de l'odyssée de l'Aéropostale.
Surnommé "l'Archange", ou encore "Le grand" par Saint-Exupéry.

Né le 9 décembre 1901 dans l'Aisne.
Élevé en partie par ses grands-parents.
Pensionnaire à l'École supérieure professionnelle d'Hirson. Intéressé par le dessin et la mécanique.


En août 1914, ses grands parents se réfugient avec lui dans le Cantal et l'inscrivent au Lycée d'Aurillac.
Sa mère le récupère au bout de 3 ans et il intègre le Lycée Voltaire à Paris.


1918, il réussit la 1ère partie du baccalauréat mais échoue à la seconde et tombe gravement malade.

Pilote considéré comme
héros de l'aéronautique et de l'aviation.

Figure légendaire de l'Aéropostale.

 1920- Il devance l'appel sous les drapeaux et signe un engagement avec l'armée pour 4 ans. Il fait ses classes au 4e Régiment d'Observation et intègre le 34e Régiment d'Aviation du Bourget qui lui permet de postuler à l'École Militaire d'Istres qu'il rejoint en octobre.

1921- En passant les épreuves du brevet de pilote, le moteur cale, l'appareil s'écrase entre les arbres, Mermoz s'en tire avec une jambe et la mâchoire fracturées. Une autre tentative de vol se solde par un capotage à l'atterrissage. Au dernier essai, Mermoz obtient son brevet de pilote le 9 février 1921.

1921- En mai, il est affecté à la 7e escadrille du 11e régiment de bombardement de Metz-Frescaty et rejoint la Syrie. Il débarque à Beyrouth le 17 septembre 1921 et intègre la 54e unité de combat.Toujours volontaire pour les missions périlleuses, il tombe plusieurs fois en panne dans le désert.

Au cours de l'une de ces pannes, il est sauvé in extremis avec son mécanicien par une colonne de méharistes.

Le 24 avril 1922, il compte 600 heures de vol en 18 mois.

1923- Le 3 mars, il quitte le Moyen-Orient pour revenir en France, décoré. Il bénéficie d'un congé de longue durée pour soigner des crises de paludisme.

Le 11 juin, il rejoint le 23e Régiment d'Aviation dans une unité de bombardement avant d'être affecté le 29 aout au 1er régiment de chasse. Mermoz intègre la 7e escadrille du 2e groupe ce qui renforce son dégoût de "la chose militaire" mais y fait des rencontres marquantes dans les personnes d'Henri Guillaumet et de Victor Étienne.


1924 : il est démobilisé en juin 1924.

1924- 28 septembre : il reçoit une proposition de contrat des Lignes Latécoère.


Comme tous les pilotes de la Ligne, Mermoz commence chez Latécoère "les mains dans le cambouis" en tant que mécanicien afin de parfaire ses connaissances techniques.
Après un examen de pilotage particulièrement hardi, il est vivement réprimandé par Daurat, chef d'exploitation chargé du recrutement du personnel qui ne veut pas de fanfaron dans l'équipe.

Il est finalement accepté et affecté en qualité de pilote sur la Ligne Toulouse-Barcelone, aux commandes d'un Breguet 14, alors que la Ligne franchissant les Pyrénées est un défi permanent pour les avions de l'époque. 

En 1925, il retrouve par hasard à Paris, son ami Henri Guillaumet qu'il convainc de postuler chez Latécoère.


1926 - Il prend en charge le Courrier sur la Ligne Casablanca-Dakar.

 

 

 Au cours de son 4ème vol, le 22 mai, il perd de vue dans la brume l'avion d'Éloi Ville qui l'accompagne.

Victime d'une casse moteur, il est contraint de poser son Breguet en bord de mer, dans une région insoumise avec Sidi Ataf Ould ElBechir, son interprète chleuh.

Après 3 jours de captivité et de nombreux sévices, il est libéré contre une rançon de 5 000 Pesetas.

Après deux mois de congés sanitaires, il rejoint son poste au Maroc où il retrouve ses amis Guillaumet et Reine.
Trois semaines plus tard, de nouveau en panne, il échappe de justesse à une nouvelle captivité en s'envolant à la barbe des Maures, récupéré par l'avion de secours piloté par Éloi Ville.

En octobre 1926, il retrouve Antoine de Saint-Exupéry, ce dernier promu Chef d'Aéroplace à Cap Juby.

En novembre 1926, il sauve Éloi Ville qui avait été contraint d'atterrir dans le désert.

En 1927, il participe avec Guillaumet, Reine et Léon Antoine aux recherches et sauvetage contre rançon de l'équipage de l'hydravion uruguayen piloté par Larre-Borgès.

 



1927- Daurat informe Mermoz de la mise au point définitive d'un Laté 26 qu'il compte engager dans un raid Toulouse - Saint-Louis du Sénégal avec la perspective de la traversée de l'Atlantique Sud.
Les pilotes Mermoz et Negrin sont pressentis.
Les 10 et 11 octobre, Mermoz et Élisée Négrin réussissent le vol sans escale Toulouse - Saint-Louis du Sénégal, à bord d'un Laté monomoteur 26-2R baptisé "Spirit of Montaudran" (Charles Lindberg vient de réussir la traversée de l'Atlantique en mai de cette même année). Ils réussissent le raid Toulouse-Dakar (4 270 kms) en 23 heures et 30 minutes.

 

L'Amérique du Sud et la Cordillère des Andes


 1927- Mermoz est nommé chef pilote à Rio de Janeiro.
Marcel Bouilloux-Lafont,
président et fondateur de la Compagnie Générale Aéropostale, prend la suite de Latécoère après son rachat de la Cie Générale d'Entreprises Aéronautique ; il envoie Mermoz en tant que chef pilote à Rio de Janeiro. Ce dernier embarque le 6 novembre à bord du paquebot Groix afin de développer des nouvelles liaisons en Amérique du Sud.


1928- en avril : contre l'avis général, Mermoz réussit le 1er vol de nuit sur le tronçon Buenos Aires à Rio de Janeiro, vol de 2 500 kms au-dessus de territoires hostiles, sans relais radio ni terrains balisés, véritable gageure.
Il développe les vols de nuit et cherche à franchir l'obstacle majeur de la Cordillère des Andes.


1928- en aout, en compagnie du directeur général de la Ligne pour le continent sud américain et de son mécanicien Collenot, il entreprend de survoler les régions inexplorées de l'intérieur du Brésil. À l'aller, tout se passe au mieux mais au retour, le moteur cale et Mermoz doit se poser en pleine foret vierge et les trois hommes doivent se réfugier dans une usine de tanin avant de recevoir un nouveau propulseur.


1929- Le 3 mars, lors d'un vol de reconnaissance, à bord d'un prototype de Laté 25 immatriculé F-AIEH, en compagnie du mécanicien Alexandre Collenot et du Comte Henry de la Vaulx (président de la Fédération Aéronautique Internationale FAI), une panne moteur oblige Mermoz à atterrir sur un petit plateau légèrement incliné à 3 000 m d'altitude. Comme l'avion poursuit sa course, Mermoz saute hors de la carlingue, se jette contre le train d'atterrissage et stoppe le Laté. Le mécanicien Collenot descend à son tour, bloque les roues et répare le propulseur.

 Dans un froid terrible, Mermoz avec 3 côtes cassées, réussit au bout d'une heure à faire repartir l'avion et rejoindre Santiago du Chili où il dépose le Comte de La Vaulx.

Au retour, le 9 mars, sans le Comte de la Vaulx, Mermoz décide de franchir la cordillère des Andes dans sa partie centrale, la plus difficile, semble t'il à traverser pour un avion. L'appareil est pris dans les courants ascendants, et quand le Laté 25 commence à se faufiler dans les hautes vallées des Andes, le vent est si violent que l'appareil risque à tout moment de se retrouver plaqué et écrasé contre la paroi rocheuse. Mermoz doit capituler et se poser sur un sommet à 4 000 m d'altitude.
Lorsque l'avion s'immobilise, Mermoz et le mécanicien Collenot peuvent évaluer les dégâts : le train d'atterrissage est en partie brisé et une aile est endommagée.
Ils envisagent d'essayer de rejoindre à pieds les hauts plateaux chiliens mais cela représente une distance de 100 km environ. Dès lors, il ne leur reste plus qu'à réparer et repartir. Collenot utilise tout ce qu'il a sous la main : chiffons, fil de fer, et même des morceaux de cuir de leurs vêtements. Plusieurs fois les tubulures du moteur éclatent à cause du gel. Après 4 jours d'intenses souffrances, Mermoz parvient à arracher le Laté de la montagne et à le faire descendre en vol plané jusqu'à Copiapó.

1929- le 14 juillet, Mermoz ouvre la ligne des Andes au Courrier postal avec Henri Guillaumet à bord d'un Potez 25 et réalise la 1ère liaison postale entre l'Argentine et le Chili. Jusque-là, le courrier postal franchissait l'océan à bord de navires avisos mis à la disposition de l'Aéropostale par le gouvernement français d'où une énorme perte de temps. La seule solution consistait à assurer une liaison aérienne régulière entre l'Afrique et l'Amérique du Sud.
Étant appelé en France pour procéder aux essais d'un nouvel appareil, Mermoz laissera à Guillaumet la succession des vols sur la Cordillère.


Traversée de l'Atlantique-Sud

1930- En mai avec le radio Léopold Gimié et le navigateur Jean Dabry, Mermoz réalise sur Laté 28 de nombreux records en circuit fermé en vue de développer la 1ère liaison aérienne entre la France, Dakar et l'Amérique du Sud.

1930- 12 et 13 mai. Mermoz participe à la 1ère liaison postale sur l'Atlantique Sud.
Le gouvernement ayant interdit toute tentative de survol des océans aux appareils terrestres, c'est sur un hydravion Latécoère 28.3 (Laté 28 équipé de flotteurs) baptisé le "Comte-de-la-Vaulx" en hommage à Henry de la Vaulx qui vient de disparaitre dans un accident d'avion au New Jersey.
Cest le même équipage qui relie d'un trait Saint Louis à Natal au terme d'un vol de 21 heures et 10 minutes. Le record de distance en ligne droite pour hydravion est battu. Cette fois Mermoz s'est passé de la traversée de l'Atlantique par des navires avisos. Cependant, le retour est chaotique ; après le terrible "Pot-au-Noir", le moteur laisse échapper d'inquiétantes trainées d'huile. Le Laté 28 doit se poser en mer et l'équipage est rapidement recueilli par un navire français, le Phocée. Quant au Laté, il sombre.
Loin de se décourager, Mermoz essaye de nombreux avions et améliore son record en circuit fermé (8 460 km en 59 heures).

 

1930- Mermoz épouse Gilberte Chazottes

Peu après son mariage, Mermoz est victime d'un spectaculaire accident alors qu'il teste le prototype du Laté 28.8 destiné à la traversée de l'Atlantique Nord. Au-dessus de Toulouse, l'appareil se vrille en tout sens. Mermoz à qui on a imposé un parachute, ne parvient pas à passer les épaules dans la trappe de secours. Il ne doit son salut qu'à la désintégration de l'appareil.
Dans les années qui suivent, Mermoz ne cesse de tester de nouveaux appareils et de battre des records de vitesse.

1931- Mars : après la liquidation de son employeur, la Compagnie générale Aéropostale, Mermoz se fait le défenseur acharné des anciens propriétaires de la Cie dénonce la situation faite à ses collègues navigants dépourvus soudainement d'outils et d'emplois ou qui ne sont plus payés.
Il considère que dans les conflits politiques qui président à la naissance d'Air France en 1933 qui conduisent l'aviation marchande de l'âge aventureux vers l'âge organisé ne sont pas les conséquences normales d'une évolution économique mais le fruit de la trahison des dirigeants.

Il adhère aux Volontaires nationaux dont il sera le porte drapeau au défilé du 14 juillet 1935. Il est intégré par La Rocque aux instances dirigeantes des Croix de Feu et multiplie les discours et articles dans Le Flambeau, organe du mouvement.Après la dissolution des ligues d'Extrême-droite en juin 1936, il figure au nombre des membres fondateurs du Parti social français (PSF)

dont il devient vice-président ; il sera inculpé de "reconstitution de ligue dissoute" que sa disparition tragique classera par la suite en non-lieu. 


 1932 -en fin d'année 1932, Mermoz fait la connaissance du constructeur français d'avions René Couzinet qui vient de mettre au point deux avions trimoteurs qui ont malheureusement été détruits dans des circonstances dramatiques.

Couzinet envisage d'en construire un 3ème ; les 2 hommes se lient d'amitié et Couzinet propose à Mermoz de piloter son nouvel appareil qui devrait prendre le nom d'"Arc-en-ciel".

 

Après le rachat de l'Aéropostale par Air France, ce n'est qu'en 1933 que Mermoz pourra à nouveau tenter la traversée de l'Atlantique-Sud.

1933- le 12 janvier, Mermoz décolle de l'aérodrome de Paris-Le Bourget, à bord de l'avion trimoteur Couzinet 70 baptisé "Arc en Ciel" pour rallier Buenos Aires.

Trois jours plus tard, Mermoz s'élance au-dessus de l'océan et après 14 h 27 mn de vol touche le sol américain. Le 22, il atteint Buenos Aires ayant parcouru 12 600 kms en 56 heures.
Au retour, alors que l'appareil se trouve à 700 kms des côtes africaines, son moteur gauche semble prendre feu. Il faut le couper ; ce qui provoque un échauffement des 2 autres. Néanmoins, l '"Arc-en-ciel" arrive à Dakar, puis accueilli triomphalement au Bourget.

Malgré ce succès, le gouvernement et la nouvelle société Air France n'honoreront pas les commandes de plusieurs avions de la Sté Avions Couzinet. La France qui a ouvert la route, se voit dépassée par les compagnies américaines et allemandes.
Cette trahison serait à l'origine de l'engagement politique de Mermoz au sein des Croix de feu.


1935- Mermoz devient Inspecteur Général d'Air France mais ne partage pas l'engagement de la Cie Air-France en faveur des hydravions géants ; il milite pour des avions terrestres plus légers et rapides.
La disparition de son ami le mécanicien Alexandre Collenot avec tout l'équipage du Latécoère 301 "Ville de Buenos-Aires" le 10 février 1936 le marque profondément.

Entre 1930 et 1936, Mermoz aura effectué 23 traversées de l'Atlantique-Sud sur des appareils divers tels que les hydravions Latécoère 28.3, 300 et 301, Blériot 5190 Santos-Dumont et autres appareils terrestres ; Couzinet "Arc-en-Ciel" ou quadrimoteur Farman F.220.

1936- Le 7 décembre, avec 8 200 heures à son actif, Jean Mermoz disparaît à bord de l'hydravion quadrimoteur Latécoère 300 le "Croix-du-Sud" avec à son bord, le copilote Alexandre Pichodou, le navigateur Henri Ézan, le radio Edgar Cruveilher, le mécanicien Jean Lavidalie.
Après un 1er retour à l'hydrobase de Dakar, à la suite d'un problème de réducteur moteur, empêchant l'hélice arrière droite de passer au grand pas, après une réparation sommaire et un nouveau décollage sous les yeux de Guillaumet alors chef de l'hydrobase, le radio annonce régulièrement le message TVB.


Puis à 10 h 43, le radio lance le dernier message en morse depuis le Croix-du-Sud : "Coupons moteur arrière droit" ou "Avons coupé moteur arrière droit" sans détail supplémentaire à environ 800 kms de la côte africaine.
Malgré de nombreuses recherches, on ne retrouve aucune trace de l'appareil ni de l'équipage.

 


La disparition de Jean Mermoz est vécue en Franc comme une catastrophe nationale.
Six jours après, à la demande du gouvernement Blum, sous la présidence d'Albert Lebrun, accompagné d'un discours de Pierre Cot, ministre socialiste de l'Air : Jean Mermoz et l'équipage de la Croix-du-Sud sont cités à l'Ordre de la Nation :

"Sublime figure d'aviateur, d'une valeur morale et professionnelle hors pair. Créateur, aux prix d'efforts surhumains, de l'aviation commerciale transocéanique, a fait de son nom un symbole et de sa carrière une longue suite d'exploits. Allant jusqu'au bout de son entreprise, envisageant la mort avec sérénité, a mérité l'admiration générale par la grandeur de ses actes. Porté disparu avec l'équipage de la Croix-du-sud, dont il était le chef de bord. Accomplissait sa 24e traversée de l'Atlantique sur la ligne postale qu'il avait été le premier à tracer. Entre de plain-pied dans la légende et s'inscrit parmi les héros les plus purs de l'aviation française."


Après la mort de Mermoz, sa veuve se remarie avec l'ingénieur et l'avionneur Couzinet, ami de Mermoz, qui se suicidera le 16 décembre 1956 après avoir tué son épouse.

 

Qui mieux que Saint-Exupéry pour évoquer le souvenir de Mermoz :
Quelques camarades, dont Mermoz, fondèrent la ligne française de Casablanca à Dakar à travers le Sahara insoumis (Terre des Hommes, Les Camarades, p 186 - 189,Éd. La Pléiade).


"Les moteurs d'alors ne résistant guère, une panne livra Mermoz aux Maures ; ils hésitèrent à le massacrer, le gardèrent quinze jours prisonniers puis le revendirent. Et Mermoz reprit ses courriers au-dessus des mêmes territoires.
Lorsque s'ouvrit la ligne d'Amérique, Mermoz, toujours à l'avant-garde, fut chargé d'étudier le tronçon de Buenos-Aires à Santiago ; et, après un pont sur le Sahara, il fut chargé de bâtir un pont au-dessus des Andes. On lui confia un avion qui plafonnait à cinq mille deux cents mètres. Les crêtes de la Cordillère s'élèvent à sept mille mètres. Et Mermoz décolla pour chercher des trouées.
Après le sable, Mermoz affronta la montagne, ces pics qui, dans le vent, lâchent leur écharpe de neige, ce palissement des choses avant l'orage, ces remous si durs qui, subis entre deux murailles de rocs obligent le pilote à une sorte de lutte au couteau. Mermoz s'engagea dans ces combats sans rien connaître de l'adversaire, sans savoir si l'on sort en vie de telles étreintes. Mermoz " essayait " pour les autres.
Enfin, un jour, à force " d'essayer ", il se découvrit prisonnier des Andes.
Échoués à quatre mille mètres d'altitude, son mécanicien et lui cherchèrent pendant deux jours à s'évader. Ils étaient pris. Alors, ils jouèrent leur dernière chance, lancèrent l'avion vers le vide, rebondirent durement sur le sol inégal, jusqu'au précipice, où ils coulèrent. L'avion dans la chute, prit enfin assez de vitesse pour obéir de nouveau aux commandes. Mermoz le redressa face à une crête, toucha la crête, et, l'eau fusant de toutes les tubulures crevées dans la nuit par le gel, déjà en panne après sept minutes de vol, découvrit la plaine chilienne, sous lui, comme une Terre promise.
Le lendemain, il recommençait.
Quand les Andes furent bien explorées, une fois la technique des traversées bien au point, Mermoz confia ce tronçon à son camarade Guillaumet et s'en fut explorer la nuit.
L'éclairage de nos escales n'était pas encore réalisé, et sur les terrains d'arrivée, par nuit noire, on alignait en face de Mermoz la maigre illumination de trois feux d'essence.
Il s'en tira et ouvrit la route.
Lorsque la nuit fut bien apprivoisée, Mermoz essaya l'océan. Et le courrier, dès 1931, fut transporté pour la 1ère fois, en quatre jours, de Toulouse à Buenos-Aires. Au retour, Mermoz subit une panne d'huile au centre de l'Atlantique Sud et sur une mer démontée. Un navire le sauva, lui, son courrier et son équipage.
Ainsi, Mermoz avait défriché les sables, la montagne, la nuit et la mer. Et quand il était revenu, c'était toujours pour repartir.

Enfin après douze années de travail, comme il survolait une fois de plus l'Atlantique Sud, il signala par un bref message qu'il coupait le moteur arrière droit. Puis le silence se fit. Pour toujours."