"J'ai refait tous les calculs, ils confirment
l'opinion des spécialistes : notre idée est irréalisable.
Il ne nous reste qu'une seule chose à faire : la réaliser
! "
P-G Latécoère
(cité par Didier Daurat, Dans le vent des hélices,
éd. Le Seuil, 1956, p. 38).
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Capitaine d'industrie centralien,
Pierre-Georges Latécoère fut constructeur d'avions
et d'hydravions. Dès 1918, il projeta de relier les hommes
par l'aérien, relier la France à l'Afrique et à
L'Amérique. Il est le fondateur de la 1ère ligne
aérienne transcontinentale.
Né le 25 aout 1883 à
Bagnères-de-Bigorre, Pierre-Georges Latécoère
fut l'entrepreneur français emblématique de l'aviation
commerciale française et en particulier de la Poste aérienne.
Diplômé de l'École Centrale de Paris en 1906
; titulaire d'une licence en droit.
Son père Gabriel Latécoère possédait
des ateliers de Menuiserie et de Mécanique générale
assez prospères qui employaient 150 ouvriers.
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Quand son père meurt en 1905, P-G Latécoère
reprend l'entreprise familiale avec sa mère. La "Maison
G. Latécoère" fabrique désormais
du matériel roulant pour les tramways de Bigorre, la Cie
des Chemins de Fer du Midi et du matériel ferroviaire
à destination de l'Est de l'Europe et des colonies françaises.
P-G Latécoère participe à l'effort de guerre
et investit à Toulouse dans deux usines : l'une fabrique
des obus, l'autre des cellules d'avions à partir de 1916.
Mordu d'aviation, il crée à
Montaudran une usine en 7 mois et un terrain d'aviation.
Il obtient en 1917, la commande de 1000 avions Salmson.
Le 1er avion sort des ateliers le 5 mai 1918. En 1918, près
de 800 appareils sont livrés à l'armée française
avec une cadence de 6 appareils par jour à partir du 5
mai 1918.

Le 7 septembre 1918
au Ministre de l'Aéronautique Jacques Dumesnil.
Ce projet était de relier la France à l'Amérique
du Sud
en 3 tronçons : Toulouse - Casablanca, Casablanca - Dakar,
Natal - Buenos-Aires via Rio de Janeiro |
1919- Latécoère
fonde Les Lignes Aériennes Latécoère
C'est au cours d'un vol de réception,
qu'il conçoit le 25 mai 1918, l'établissement d'une
ligne régulière France-Afrique-Amérique
du Sud avec une ligne aérienne de fret et de courrier
reliant la France au Sénégal en passant par L'Espagne
et le Maroc
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25 décembre 1918 - Ligne Toulouse-Barcelone
Le 25 décembre 1918, à bord d'un Salmson 2A2
piloté par René Cornemont, il ouvre la ligne
entre Toulouse et Barcelone.
9 mars 1919-
Ligne Toulouse-Rabat
Le 9 mars 1919, avec le pilote Lemaitre, il
franchit la distance de Toulouse à Rabat avec escale à
Barcelone, Alicante et Malaga. Il porte au Maréchal Lyautey
le journal Le Temps acheté le 7 mars 1919 et un
bouquet de violettes, emblème de la ville de Toulouse
pour la Maréchale.
Grâce au soutien de Lyautey, on lui promet une subvention
et un contrat d'exploitation du tronçon Toulouse-Rabat
pour 5 ans.

L'armée cède trente Breguet
14, des biplaces à ciel ouvert, plus surs et plus
spacieux que les Salmson. L'Espagne autorise le survol
régulier de son territoire.
Trois aéroplaces sont créées
à Barcelone, Alicante et Malaga.
Du côté des avions, les craintes proviennent de
la carlingue : durant la guerre, les Breguet ne sortaient
que par intermittence et uniquement par beau temps. Or l'aviation
commerciale vole régulièrement et par tous les
temps.
Chez Latécoère, le courrier
passe à l'heure - quoi qu'il en coute. Mais les machines
de guerre montrent des signes de faiblesse ; il faut blinder
les hélices en bois.
Chaque jour, les brumes et les rafales de
vent soustraient la côte à la vue des pilotes. Sans
instrument de bord, ces derniers n'ont d'autre choix que de descendre
lorsque le relief le permet ; mais la manuvre est dangereuse
en particulier sur l'étape Alicante-Malaga. Les éjections
de pilote ou de passagers ne sont pas rares.
1921- Latécoère
fonde La Compagnie Générale d'Entreprises
Aéronautiques (CGEA) (qui
fonctionnera sous ce nom jusqu'en 1927), dans le but de créer
une ligne aérienne transatlantique consacrée au
service postal.
Septembre 1919
- Ligne Toulouse-Casablanca puis prolongée jusqu'à
Dakar en 1923
Latécoère crée la ligne Toulouse-Casablanca
et le courrier postal à partir de septembre 1919, prolongée
jusqu'à Dakar en 1923 (2 800 kms) à travers le
désert.
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Ligne avec l'Amérique du Sud
Latécoère cherche à ouvrir la ligne avec
l'Amérique du Sud.
En décembre 1924, il faut obtenir du gouvernement brésilien
les autorisations pour ouvrir la ligne sur le territoire brésilien.
Latécoère fait appel à Marcel Bouilloux
Lafont pressenti pour les travaux à réaliser
pour les infrastructures, pour faciliter les contacts avec le
gouvernement brésilien.
Quand tout semble résolu, le parlement brésilien
annule l'autorisation accordée par le gouvernement. Il
faut renégocier.
Latécoère vend la CGEA
à Marcel Bouilloux-Lafont qui devient L'Aéropostale
Le gouvernement français repousse l'offre d'achats des
Lignes Aériennes Latécoère. Latécoère
se tourne alors vers Bouilloux-Lafont qui achète
la CGEA (Compagnie Générale d'Entreprises
Aériennes) qui change de nom et devient la Compagnie
Générale d'Aviation Aéropostale connue
plus tard sous le nom d'Aéropostale dans le monde
entier. L'acquisition a lieu vers 1927.
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SIDAL
Après s'être séparé de sa compagnie
de transport, Latécoère décide de ne s'occuper
que de la partie construction d'aéronefs avec la compagnie
qu'il a créée en 1922 : La Sté Industrielle
d'Aviation Latécoère (SIDAL).
PG Latécoère se spécialise désormais
dans la fabrication et la fourniture d'appareils avions et hydravions
par contrat pour la compagnie Générale d'Aviation
Aéropostale avec le défi du survol de la Cordillère
des Andes en 1928 et la 1ère traversée commerciale
transatlantique réalisée de Dakar à Natal
au mois de mai 1930 par le pilote Jean Mermoz sur un avion
Latécoère 28-3 "Comte de la Vaulx",
hydravion de près de 20 mètres d'envergure. Réputés
pour leur qualité de vol, leur fiabilité et leur
robustesse, les Laté 28 sont fabriqués à
une cinquantaine d'exemplaires.
Latécoère dispose d'une usine de 26 000 m2 qui
fournit l'Aéropostale. |
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Avions Latécoère
Les Hydravions
P-G Latécoère s'est passionné pour la construction
des hydravions pour la ligne postale.
De nombreux modèles furent conçus : Laté
2, Laté14, Laté 26, Laté
28, Laté 29, Laté 32, Laté
225, Laté 300 et 301, Laté
302, Laté 500 avant les hydravions de gros
tonnage Laté 521 et 522 hexamoteur, 523,
582, 611, 631.
P-G Latécoère continue à
fabriquer à Montaudran des avions qui battent des records
mondiaux.
Ainsi le 9 mai 1930, Mermoz sur l'hydravion Laté 28
"Comte de Vaulx" effectue la 1ère liaison
postale aérienne Saint-Louis-Natal à travers l'Atlantique
Sud.
Latécoère s'attaque alors au problème des
hydravions de gros tonnage ; le 1er sera le "Lieutenant
de Vaisseau Paris" de 42 tonnes.
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Base d'hydravions
P-G Latécoère crée en 1930 une base d'hydravions
à Biscarosse.
En 1934, Air France est équipée d'un Laté
300 pour le tronçon France-Amérique du Sud
(près de 19 heures de traversée entre Saint-Louis
et Natal).
Le "Croix du Sud", hydravion quadrimoteur de
45 mètres est capable de parcourir 4800 km. La doctrine
de la compagnie consiste à faire rouler des avions à
roulettes sur les terres et des hydravions au-dessus des mers.
En 1935, le Latécoère 521 "Lieutenant
de vaisseau Paris" entre en service : son rayon d'action
est d'environ de 6 300 kms. Il conquiert le ruban bleu de l'Atlantique
Nord en près de 28 heures 30 de vol entre Port-Washington
et Biscarosse en 1939. C'est Guillaumet qui est chef de
bord et 1er pilote lors de ce vol extraordinaire.
En 1937, Latécoère
fait construire en 3 mois à Anglet, une usine pour la
fabrication d'hydravions et en particulier le Laté
298, hydravion monoplan triplace mis en service en
1938.
En 1939, Latécoère
vend à Breguet ses usines de Montaudran, d'Anglet et sa
base de Biscarosse.
La Sté Industrielle d'Aviation Latécoère (SIDAL) construit en 1940 à Toulouse une nouvelle
usine ; en collaboration avec son directeur Marcel Moine,
Latécoère sort le plus grand hydravion du
monde : le Laté 631 hexamoteur de 75 tonnes, surnommé
le paquebot des airs, le fleuron d'Air France, capable
de parcourir 6 000 kms avec une cinquantaine de passagers. Il
restera en service jusqu'au milieu des années 50.
GP Latécoère meurt à 59 ans le 10 août
1943.
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