Marcel Bouilloux-Lafont
(1871- 1944)

 


 Né à Angoulême le 9 avril 1871, il fait des études à Étampes puis à l'Université de Droit de Paris.
Il décide de se consacrer avec son frère Maurice à la gestion de la banque Bouilloux-Lafont fondée en 1855 par leur père.

 Son frère Maurice s'oriente vers la politique :

député du Finistère, vice-président de la Chambre des Députés et rapporteur du budget de la guerre de 1929 à 1932.

 

En 1907, Marcel Bouilloux-Lafont fonde la Caisse Commerciale et Industrielle, banque spécialisée dans les prêts à l'Étranger. En 1909, il se rend au Brésil ; le gouvernement lui demande d'assumer le financement et la construction du port de Bahia.
En 1911, il crée la SUDAM (Sud Américaine de Travaux Publics), société autorisée à opérer au Brésil.

Il est mobilisé en 1914, mais en 1916, le Général Joffre lui confie la mission de défendre les intérêts français et la cause des Alliés en Amérique du Sud.
Après la guerre, il continue d'entreprendre toute une série de grands travaux au Brésil dont la construction et l'administration des ports de Bahia, Rio de Janeiro, la construction et l'exploitation des Chemins de Fer de l'Est Brésilien, la fondation du Crédit Foncier du Brésil et la Companhia Brazileira de Imoveis.

En décembre 1926 : projet de transport de courrier
Pierre-Georges Latécoère rencontre Marcel Bouilloux-Lafont à Rio de Janeiro pour lui proposer de mener à bien le projet d'un transport aérien du courrier jusqu'à Buenos-Aires. M Bouilloux-Lafont accepte.

1927- Naissance de l'Aéropostale
Le 11 avril 1927
, P-G Latécoère cède 93 % du capital en actions de la Compagnie Générale d'Entreprises Aéronautiques (CGEA) pour la somme de 30 Millions de Francs à M. Bouilloux-Lafont, président de la SUDAM.
Marcel Bouilloux-Lafont baptise la nouvelle société : Compagnie Générale Aéropostale : l'Aéropostale est née.

Aussitôt après, le nouveau groupe dont M. Bouilloux-Lafont a conservé le personnel et les pilotes mis en place par Latécoère, en embauche d'autres dont des pilotes argentins et commence à mettre sur pied l'organisation de la Ligne d'Amérique du Sud.
Mais, il faut trouver en trois ans des financements, des autorisations de survol et d'escale, obtenir des décrets autorisant le fonctionnement de la Cie Générale Aéropostale, signer des contrats postaux avec 8 pays d'Amérique du Sud, obtenir des concessions de transport du courrier, acheter du matériel, créer de nouveaux services.
Une gigantesque infrastructure est créée pour assurer le fonctionnement de la ligne : 15 aérodromes sont créés, tous équipés de TSF, hangars, ateliers etc.

Des liens d'amitié se tissent entre le président et le personnel ainsi avec le pilote Jean Mermoz ; Marcel Bouilloux-Lafont lui demande de le former au pilotage, il sera témoin à son mariage.

 1er mars 1928 : la Liaison Toulouse-Buenos Aires est inaugurée


En août 1929, l'Aéropostale signe avec l'État français une convention permettant un emprunt obligataire prolongeant le contrat avec la société de plus de 20 ans.

En 1930, la Compagnie Générale Aéropostale exploite un réseau de 17 000 kms, emploie 1 500 personnes dont 80 pilotes, 250 mécaniciens, 53 radios, 250 marins. Elle possède 218 avions, 21 hydravions et 8 navires.
Maurice Bailloux-Lafont obtient des autorités portugaises l'exclusivité d'escale aux Açores et aux Îles du Cap vert donnant ainsi l'accès à L'Atlantique-Sud et l'Atlantique-Nord aux avions commerciaux français.
Marcel Bouilloux-Lafont sera président et fondateur des compagnies suivantes : CGA L'Aéropostale, La Companhia Brazileira, l'Aeroposta Argentina, l'Aeroposta Uruguya, l'Aeroposta Venezolana.

M. Bailloux-Lafont occupe de nombreuses responsabilités commerciales et industrielles dont la présidence de la SUDAM (Sté Franco-Sud-Américaine de Travaux Publics) devenue par la suite : la Société Générale d'Aviation.
Fin octobre 1930, une révolution au Brésil et en Argentine, oblige la suspension provisoire de l'exploitation.

Le 4 décembre 1930, en France, le Ministre de l'Air Laurent Eynac présente au Parlement la convention signée entre M. Bouilloux-Lafont et le Ministre de l'Air dès le 2 aout 1929 pour le renouvellement de la concession d'exploitation et pour donner une garantie de l'État à de nouveaux emprunts.
Alors que Bouilloux-Lafont doit faire face à une importante crise de trésorerie et demande l'aide de l'État, ce dernier refuse de rembourser le Crédit Foncier du Brésil qui a prêté de l'argent à l'Aéropostale.
Au Brésil, entrainé par le krach de la Bourse de New York en 1929 et l'effondrement du cours du café, le Crédit Foncier du Brésil est en grande difficulté financière.

Il devient indispensable d'obtenir des concours financiers pour maintenir le fonctionnement de l'Aéropostale ; les pilotes ne sont plus payés.

M. Bailloux-Lafont compte sur le fait que l'État français doit débloquer l'autorisation d'emprunt garantie par la convention signée en 1929 mais oubliée depuis.  
Le nouveau ministre de l'Air J-Louis Dumesnil propose à Bailloux-Lafont de céder sa place de président.
Une solution est proposée et adoptée par la Chambre des Députés : la création d'un Comité de Gérance nommé par le Ministère.
Le Sénat envisage une proposition de subvention d'attente de 6 millions de Francs. Mais le ministre Dusmenil sous les ordres du 1er ministre P. Laval exige que la Société dépose préalablement son bilan.
C'est ainsi que le coup définitif mettant fin à l'action du Groupe Bailloux-Lafont dans l'Aéropostale fut asséné.
Le bilan est déposé le 28 mars 1931 et la société mise en liquidation. Aussitôt, le Ministère renouvelle la convention et nomme un comité de contrôle.


En 1933, le ministre de l'Air Pierre Cot décide la fusion des sociétés d'aviation existantes, ce qui aboutit à la naissance de S.A. Air France.


Air France rachète les actifs de l'Aéropostale.
 

M. Bailloux-Lafont, mis en faillite, voit son patrimoine totalement aliéné en 1934.
Il s'engage à dédommager ses créanciers depuis Rio où il lui reste quelques entreprises qu'il s'emploie à maintenir en activité pendant les 10 dernières années de sa vie.
Il meurt ruiné dans un hôtel de Rio de Janeiro, le 2 février 1944.


Sources :
Mémoire d'aéropostale, ses grandes figures Marcel Bouilloux-Lafont

Guillemette de Bure : Les secrets de l'Aéropostale

1927 1933 L'aéropostale D'amérique Du Sud par PPMAC ;
https://fr.calameo.com/books/005116633a8ee5e0b222c