Ancien joueur de rugby passionné mais ne pratiquant plus, René Bourneton officiait comme pilote de l'équipe de rugby pour une série de déplacements sur Casa, Rabat, Port-Lyautey, Khouribga. Un jour, dix minutes après le décollage, le radio Duchet lui demanda la permission de sortir l'antenne pendante (le poste émetteur de la Julie (JU 52) ayant une puissance faible) ; pour compenser cet inconvénient, on déroulait un câble au bout duquel pendait un lest en plomb de 500 g sur 200 mètres. Cela se faisait en dehors du circuit et loin de la ville. " Autorisation accordée ". Bourneton entendit alors un grand cri et en se retournant, il vit Duchet debout, faisant des grands gestes en hurlant : " Il y a un sanglier dans la trappe ! ". Bourneton lui répondit par l'interphone : " Duche, qu'as-tu fait hier au soir ? ". Comme il persévérait dans son délire, Bourneton lui donna l'ordre, coûte que coûte, de dérouler le câble et de fermer la porte du poste de pilotage.

De ce fait, Bourneton ne vit rien de la suite, mais quel cirque !

Il ne s'agissait pas d'un sanglier mais … d'un chat bien vivant, rendu fou furieux d'avoir été extirpé de sa cachette.
Il se mit à bondir de rideau en rideau parmi les passagers qui se protégeaient comme ils pouvaient ; une mêlée France-Irlande avant l'heure !
Le mécano Bartissol, analysant la situation, ouvrit alors la porte donnant sur les toilettes et le dangereux matou s'engouffra à l'intérieur.

À l'arrivée à Khouribga, tout le monde descendit ; l'équipage ouvrit toutes les fenêtres ainsi que les trappes de chargement, puis chacun armé d'une perche en canisse se mit à taper sur la tôle du JU 52 jusqu'à ce que le maudit animal sorte de l'appareil.
Qui avait mis le chat dans la trappe ? L'enquête ne donna rien ; mais cette farce aurait pu avoir de fâcheuses conséquences.

Source : René Bourneton, pilote