Le Légumier - Une expédition mémorable
Racontée par l'EV1 Demarche, navigateur
Parue dans le journal Le Périscope
(N° 8 du 15 mars 1959 - BAN Agadir)

 

 

 

Ils partirent donc pour une expédition qu'ils voulaient mémorable. Et elle le fut, mais pas comme ils l'entendaient.

Ce désir était pourtant légitime ; le second pilote, le toubib et le second mécanicien faisaient la ligne pour la 1ère fois. Quant au 1er mécanicien et au radio, c'était la dernière fois qu'ils y allaient. Après 30 ou 40 rotations, cela faisait tout de même quelque chose.

Junkers 52 56.S33 avant un vol Légumier (Bourneton)

Le vieux Junkers emportait l'habituel chargement : du poisson conservé dans de la glace, laquelle inondait régulièrement autour d'elle en fondant des caisses de liquides variés, des sacs de légumes et un magnifique fût de 200 litres de pinard.

Le départ fut sans histoire. Tout en montant, l'avion survola la plaine ocre parsemée de bosquets, jeta un petit bonjour condescendant à Tiznit, puis attaqua les contreforts de l'Anti-Atlas. Il commença alors à manifester sa joie en faisant des bonds de cabri au-dessus des collines couvertes de maquis. Au fond de la vallée, la route serpentait.
Puis, ce fut la tâche sombre de Bou Izakarn et, de ce fait, le commencement du désert. Des lignes de crête de roches sombres et luisantes séparaient les vallées où, de temps à autre, une tache noire dans le lit d'un oued à sec, marquait la présence d'une palmeraie.
Tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes, sauf pour le toubib
qui voulait prendre des photos alors que le Junkers ne voulait pas qu'il en prenne : il profitait de chaque passage de crête ou de vallée pour faire un bond imprévisible juste au moment où le toubib s'apprêtait à prendre son cliché.

Or le Djebel Bani, comme chacun le sait, comporte une succession importante des unes et des autres. Moyennant quoi, le toubib continuait à pester et le Junkers à sautiller avec grâce.
Ce dernier revint à des sentiments plus humains lors de la traversée de l'oued Draa : à partir de ce moment-là, il se tint à peu près tranquille et tout le monde put s'estimer heureux.



Tindouf : courte escale, particulièrement sèche. En effet, les lignes AT/AF 8 et 9 sont des lignes où l'on a le souci de la régularité. Quelques passagers de marque embarquèrent : des R'guibats de pure souche, trainant derrière eux leur déménagement complet ainsi qu'une odeur sui generis qui vint s'ajouter à celle du poisson faisant avec cette dernière un mélange du plus heureux effet.
Le temps était loin d'être sensationnel : une visibilité médiocre, des nuages menaçants et un solide vent du Sud-Est permettait de prévoir pour ce jour-là ou pour le lendemain, de bons coups de tabac. Il y a peu à raconter sur l'étape Tindouf.
 
 Aïn Ben Tili. Ce trajet est une survivance de l'époque glorieuse de l'aviation de ligne, le Junkers lui-même, en est un contemporain.
Aïn Ben Tili : un carré blanc - un tout petit carré blanc - dans le sable blanc, sous un ciel d'ardoise.
Il y a théoriquement une balise radio pour en faciliter l'approche. En fait, elle ne marchait pas (elle ne marche pour ainsi dire jamais). Il reste alors un repère - le seul : le Tirsal El Kedras : le Tirsal noir. Un caillou dans le désert. Si on le voit, on a des chances de trouver Ben Tili. Sinon, le problème devient ardu. Or donc, sautant toujours comme un cabri, le Junkers arriva à Ben Tili après avoir vu le Tirsal.





Ils allèrent tous au poste, histoire de se réconforter un peu. Là, entre un pastis (du vrai à 45°) et une rondelle de saucisson, les propos habituels s'échangèrent. Le mécanicien et le radio, grossistes du désert, menaient leurs petites affaires. Le lieutenant, chef de poste, nouvellement arrivé, avait entrepris le toubib sur la situation de Dakar. Par contre, il répondait évasivement à toute question concernant son secteur : il n'avait pas encore l'habitude de ce genre de renseignement qui se colportait de Dakar à Agadir, de poste en poste, à travers tout le désert, et qui comportaient souvent plus de vérités que les grandes théories tirées de sources soi disant sûres dans le grand secret des bureaux de l'État-Major. 

Puis, le temps vint sur la sellette. Un C 47 avait loupé le poste, le jour même ou la veille. C'est alors que le destin du retour se joua. Le navigateur fit remarquer avec un certain orgueil que la 56 S n'avait pour ainsi dire jamais loupé Ben Tili, quelque soit le temps. Il y avait par ailleurs un certain nombre de circonstances sur lesquelles il valait mieux ne pas revenir, mais qui justifiaient ces accidents ;
Une fois de plus dans sa vie, le navigateur aurait mieux fait de se taire.

Enfin, l'escale tira à sa fin. Entre Ben Tili et Trinquet, le temps était un peu plus mauvais, le vent plus violent, le tout accompagné d'une bonne turbulence. 



Les passagers de marque, embarqués à Tindouf, commencèrent à être malades et allèrent copieusement décorer la cabine arrière. Le vieux Junker en bondit de joie. Enfin, il était dans son élément habituel. 
Il manquait certes, la chaleur étouffante dans laquelle il se complaisait. Mais sinon, tout y était : l'odeur du poisson qui commençait à passer, toute sa glace fondue ; celle des sacs de légumes ; celle des litres de sueur engloutis en son sein et qui remontaient en surface ; celle des R'Guibats et de leurs cuirs mal tannés ; et enfin, celle pestilentielle qui commençait à remonter de la cabine arrière. Le navigateur décida en lui-même qu'il préférait crever de soif dans le désert plutôt que de retourner prendre une dérive dans cette maudite cabine arrière. pas d'héroïsme.

Pour ceux qui le connaissaient un tantinet, cette résolution de mourir de soif ne manquait Le radio expliquait au toubib qu'il se sentait la force de dévorer sur le champ une bonne demi-douzaine de beefsteaks éventuellement crus ; le toubib ne semblait pas du tout affligé d'une fringale pareille.


La traversée du Tamreikat atteignit le sublime.
Le Tamreikat est une importante ligne de collines de roches parfaitement nues, située à une centaine de kilomètres de Fort Trinquet. L'aspect - qui annonce déjà celui de Trinquet - en est extrêmement curieux : la surface plane des sables est crevée par des bulles, ou des pointes d'environ 150 mètres de hauteur d'une roche noire et brillante, tantôt lisse, tantôt déchiquetée. À chaque colline, le Junkers bondissait en rugissant, un plan dans le ciel et l'autre et l'autre au sol et les passagers de marque en furent encore un peu plus malades, si la chose est possible.
Puis ce fut à nouveau la plaine de sable. Lorsqu'enfin d'autres roches en crevèrent la surface, Fort Trinquet était en vue.
 

Un sergent de la Coloniale s'escrimait à montrer à tous ceux qui se trouvaient à sa portée (le toubib, le radio, le second mécanicien et le navigateur en l'occurrence) la tombe du sergent Nicolas, tombé au pied du rocher du même nom - ce qui n'avait rien de comique en soi.
Mais ledit sergent avait des accents et des trémolos dans la voix pour montrer ces lieux au point qu'on pouvait se demander s'il ne s'agissait pas plutôt de son 1er rendez-vous d'amour.

D'ailleurs, personne ne vit quoi que ce soit, mais tout le monde opina gravement du chef.
Arrivés au sol, les drames commencèrent. Depuis Agadir, il y avait un Junkers, son équipage et des passagers.



Dès l'arrivée au bar des STS, la situation changea et devin cornélienne. En plus du mauvais temps, il y avait une nuée de généraux qui inspectaient le poste. L'équipage fut alors victime d'une dissociation justiciable d'une étude électrochimique : il y eut les officiers-mariniers d'un côté et les officiers de l'autre. Les premiers se virent attribuer une chambre habituellement réservée à l'équipage du Junkers - une chambre qui ne manquait pas de confort pour être logés comme il se devait. Quant aux autres, ils furent livrés à l'autorité militaire - livrés n'était pas de trop - pour être logés comme il se devait. Las ! L'autorité militaire les expédia au fin fond du poste, dans une carrée infecte et déjà affligée d'une densité de population supérieure à la normale. Quand aux lits, ils dépassaient en horreur toute tentative de description. Ce fut donc là qu'aboutirent le second pilote, le toubib et le navigateur. Cela les mit de fort méchante humeur pour toute la soirée.

Ah ! Oui quelle expédition mémorable !


La 1ère moitié de l'équipage faisait, paraît-il la sieste. La seconde moitié rebutée par l'habitat qu'on lui proposait, était revenue au bar du STS.
Le second pilote et le toubib jouaient au billard ; le navigateur vautré dans un fauteuil, ronflait comme seul il en avait le secret.

Sur le tard, ils partirent tous les trois faire un tour au bordj indigène. Un plan d'urbanisme très net avait présidé à l'érection de cette agglomération : les rues, au nombre de 7 ou 8 se coupaient strictement à angle droit.

La population locale ne semblait connaître qu'un seul mot : cadeau.
C'est par ce mot que les gosses qui jouaient entièrement nus à l'entrée du bordj accueillirent les trois promeneurs. C'est ce même mot qui ressortit dans l'une des 7 ou 8 rues : de belles enfants au visage dévoilé le murmuraient avec un air prometteur.
Il s'en suivit une grave discussion : le second pilote prétendait que tous ces braves gens, ravis de le voir, se proposaient de lui faire un cadeau. Le toubib était réticent quand à cette interprétation des faits.   
De son côté, le navigateur faisait remarquer que de toutes façons, les garçonnets ne représentaient pas des interlocuteurs valables, mais que des pourparlers pouvaient s'engager - sur un plan strictement théorique s'entend - avec ces jeunes personnes.
Le toubib, toujours en recul, fit remarquer que s'il y avait échange de cadeaux, ça ne pouvait être que des gonocoques contre espèces sonnantes et trébuchantes.
À 6 h du soir, le trio, conformément aux prévisions des pessimistes, crapahutait dans les sables du désert après une escale de Nicolas. Ils s'amusaient tellement, qu'ils allèrent jusqu'à faire, pour se distraire, une arrivée par variation de QDM (relèvement).
Le repas du soir fut morose.

Elle était tout à fait mémorable cette expédition !

À 21 heures, tout ce beau monde alla rendre une visite de politesse à Coria.
C'était dans les traditions. Le Junkers était en effet l'émissaire de la mode dans le Sud. Il amenait des robes et repartait avec les mesures pour les suivantes.
Ces séances de mensuration ne manquaient pas de sel : lorsque les mesures étaient prises avec un optimisme auquel le 45° (Pernod, Ricard ou autre) n'était pas étranger, comme cela s'était produit il n'y a pas si longtemps, tout un équipage n'hésitait pas à la rotation suivante, à comprimer la belle Coria - les uns lui appuyant les deux pieds sur le ventre, les autres montant les fermetures éclair, de manière à réparer l'erreur des mesures ; tout ceci se passant sans distinction de grade ou de spécialité.
Qui est allé à Fort Trinquet, connaît Coria. Et Coria, connaît fort bien tous ceux qu'elle a vus, ce qui ne laisse pas d'être embarrassant : elle demande des nouvelles de tout le monde - et quel monde !

Ceci ne va pas toujours sans mal, tel cet équipage qui, sous une direction auguste, cinq fois de suite se fit mettre à la porte et cinq fois de suite réoccupa les lieux.
Ce soir-là, Coria n'eut qu'une fantaisie : en échange du thé à la menthe, elle voulait s'offrir le second pilote.
Tout le monde en était songeur, d'autant plus qu'elle se proposait de régler son compte à ce malheureux gratuitement et … par les oreilles, ce qui ouvrait à tous des perspectives inconnues voire vertigineuses - donc attirantes.

Pendant ce temps, le toubib vidait consciencieusement son thé à la menthe sur le sol : toujours ces sacrés gonocoques !




 René Bourneton, pilote et commandant de bord du légumier raconte :
"Quelques temps après ce voyage, lors d'une autre rotation de légumes au départ de Fort Trinquet, le résident du district me remit un ordre de mission concernant Coria (du BMC) pour destination Agadir via Tindouf (Coria était native de la région de l'Anti Atlas).

L'officier des AI (Affaires Indigènes), membre de l'équipage, vint me trouver et me demanda de ne pas embarquer cette passagère pour Agadir car elle connaissait tout des évènements récents qui secouaient cette région et de toute manière, elle serait "trucidée" dès son arrivée - Que faire ? J'ai un ordre de mission officiel se dit Bourneton : je l'exécute.

Arrivée à Tindouf : tout le monde descend pendant l'escale.

Au moment du départ, pas de Coria ; René Bourneton demande à l'officier des AI ce qu'il faut faire : "Ton ordre de mission prend fin à Tindouf, elle se rendra au Maroc par Colomb Bechar - Oran et Meknès". Elle n'est pas près d'arriver !
On ne reverra plus Coria à Fort Trinquet !

Source : René Bourneton
 




Le lendemain matin, dès le décollage, le temps se présenta comme un parfait temps de cochon. Tout contact radio était perdu au bout de 5 minutes : dès le Tamreikat, une magnifique barrière de cumulonimbus, cumulus, congestus, rugosus, furiosus, et autres mots en "us", obligea le Junkers à descendre au-dessous. La visibilité était nettement mauvaise. Toutes les sebkras étaient mouillées, rendant leur identification impossible. La dérive, qui avait été d'abord de cinq degrés, monta rapidement à quinze ou vingt degrés. Tout le monde se sentait au "nord" de la route, mais sans pouvoir en préciser davantage.
À l'heure prévue, pas de Ben Tili, pas de Tirsal. Le navigateur, se maudissait en son for intérieur de l'imprudence de ses propos de la veille. Il voyait déjà un retour sans gloire, après avoir loupé Aïn Ben Tili.
Toujours rien que le désert, ses sebkras mouillées, des lignes de grains, la turbulence. La dérive passa à 25° et monta même par moment à 30°. Il fut décidé de prendre le cap pour le Tirsal afin de se recadrer. Suant d'angoisse, plissant par anticipation le front sous la honte et le déshonneur, le navigateur voyait de plus en plus nettement le Junkers posé dans le désert et lui, tel Vatel (François Vatel, pâtissier du roi qui s'était suicidé en raison du déshonneur subi pour ne pas avoir réussi à nourrir tout son monde) à se passant son compas à pointe sèche au travers du corps.
De sombres histoires d'avaries de compas revenaient à la mémoire de tous. "Le paradis des pilotes perdus" se mariait lugubrement avec l'histoire de L'Hermès anglais qui se cracha du côté d'Atar à quinze cent milles de sa route.
 
Cap au 160, c'était toujours le désert, les sebkras mouillées, les grains, la turbulence et toujours pas de Tirsal.
Les R'Guibats semblaient cependant estimer que le nouveau cap était le bon. Le goumier et sa charmante épouse continuaient leur flirt (ils devaient être de jeunes mariés en voyage de noce).
L'heure limite de 09. 45 arriva. Tout espoir était perdu : sans aucun moyen radio, avec une visibilité inexistante, perdu dans le désert, pour la 1ère fois, le Junkers renonçait à Ben Tili. Déjà, sur le journal de bord, le navigateur avait écrit : 09. 45 mise de cap sur Tindouf, lorsque Ô joie, le mécanicien (qu'il soit loué et béni jusqu'à la 30ème génération !) aperçut le maudit petit carré blanc perdu dans les sables.
Vingt minutes plus tard, dans le poste, une discussion acharnée fit rage : il s'agissait de savoir s'il aurait mieux valu se poser dans la nature la veille ou ce jour-là. C'est le mécanicien qui avait lancé la bagarre en disant qu'au fond, il regrettait de ne s'être jamais posé en panne dans le désert. Les données du problème étaient les suivantes : la veille, en plus du lot désertique, le Junkers avait à son bord des légumes, du poisson et le fameux fût de 200 litres de pinard. Alors qu'il ne restait plus ce jour-là, que le lot désertique. Mais en compensation, il y avait l'épouse du goumier.
Le toubib trancha la question en affichant un parfait mépris pour les personnes du sexe, toujours facile à remplacer ; par contre 200 litres de pinard, ça valait le coup, insistait-il. La discussion en resta là.
 



Aïn Ben Tili - Tindouf : un vent à décorner les bœufs, vingt-cinq degrés de dérive. Et toujours de bons coups de bran, mais rien de plus.
Le dernier acte débuta dans un décor wagnérien, le Junkers montait péniblement entre la terre jaune et le ciel noir de suie. Lorsqu'il rentra dedans, la véritable turbulence commença. Le déroutement par la côte avait été décidé. Tout le monde commençait à être passablement abruti. Et voilà que l'animal se mit à givrer ! La situation était loin d'être rose. Les pilotes avaient bien assez de soucis pour empêcher cet abruti d'avion de faire des cabrioles comme il en manifestait le désir sans cesse renouvelé ; le mécanicien avait des ennuis avec le moteur central qui givrait avec énergie ; le radio s'égosillait et se cassait le bras à essayer mais en vain de passer une position.
 
 Le navigateur se demandait avec inquiétude, à quel moment le vent allait tourner comme il se doit à l'Ouest ; car s'il le faisait trop tôt, ils avaient des chances d'aller voler pas loin des sommets, volant plus haut que ce diable de Junker qui ne voulait plus rien savoir pour monter ; quant au toubib, il essayait de se faire une idée de la situation, mais chacun, intensément plongé dans son problème personnel, ne lui répondait qu'à demi-mot.
Il était impossible de faire un pas sans s'accrocher à quelque chose. Et la plaisanterie dura une bonne heure jusqu'à la côte enfin aperçue avec soulagement. Mer ! Mer ! s'écria le Junkers qui piqua littéralement du nez vers des altitudes qu'il jugeait plus aéronautiques. Il était ravi de revoir le bercail, cet avion. Ce qu'il avait pu se trémousser jusqu'alors ne fut qu'un faible aperçu de ce qu'il dansa - un rock'n roll - d'Ifni à Agadir.

Trouvant cette danse fort à son goût, et sûr d'arriver à bon port, il décida qu'il était bien mieux en l'air qu'au sol ! D'où cette discussion orageuse entre lui et le pilote :
- Tu descends charogne, disait ce dernier en amorçant son dernier virage ;
- Y a qu'à croire, répondait le Junkers, en conservant son altitude ;
- Je te fous en glissade et tu verras bien, grogna le pilote ;
- Des prunes, ripostait le Junkers, qui se mit à glisser gracieusement, mais sans perdre un poil d'altitude ;
- Je te bourre le nez dans le sol et tu seras bien obligé de venir, cria le pilote ;
- Des clous, ricana le Junkers qui, le nez au sol et la queue au ciel, continuait à jouer les planeurs.

Puis, il dut trouver ce jeu lassant, car il finit par descendre quand même - et il alla sagement se coucher.
L'équipage fourbu, transi, fut reçu à sa sortie de l'avion par une averse glaciale.
C'était complet, maintenant, ils étaient crottés et ne ramenaient pas un poil de gazelle.

Oui, ils revenaient bien d'une expédition mémorable ! Mais pas du tout, celle qu'ils avaient espérée …

Source : René Bourneton, pilote
(Signé EV1 Demarche pour le Périscope)