Historique d'Anza
La Chronique portugaise nous permet d'évoquer l'histoire
d'Anza au XVIe siècle durant l'occupation portugaise (1505-1541)
de Santa-Cruz.
Mbark Foques rappelle que les villages du Souss étaient
la cible de razzias perpétrées par les Portugais
ou leurs alliés castillans des Canaries. Selon lui, le
port d'Anza comme celui de Tafdna (Tafedney) servaient de point
d'attache aux caravellas lusitaniennes qui venaient capturer
des villageois des tribus du Souss pour exploiter des terres
et mines aux Canaries et au Brésil ; quant aux femmes,
elles étaient exportées vers Lisbonne pour servir
dans les domaines seigneuriaux.
En ce temps-là, Anza était déjà un
port de pêche artisanal. La pêche à Anza constituait
une activité qui remonte à la nuit des temps, permettant
aux Soussi de faire face aux épidémies, sécheresses
et famines récurrentes tous les 10 ou 15 ans selon Léon
L'Africain.
1529 : Bataille à la pointe d'Anza
et dans la plaine entre les Portugais et les Ida Outanane
La Chronique portugaise fait le récit de ce qui s'est
passé en 1529 à la pointe et dans la plaine d'Anza.
La garnison portugaise avait l'habitude d'effectuer des razzias
dans les bourgs environnants. Le gouverneur de la place Luis
Sacoto envoya en expédition une soixantaine d'hommes sous
les ordres de Francisco Romeiro pour razzier les douars rebelles
des Ida Outanane. L'expédition partit de nuit sans rencontrer
de difficultés. Mais sur le chemin de retour, elle tomba
dans une embuscade préparée par les hommes et alliés
du caïd Tanani Ambar Mansour Attanani. Ces derniers qui
étaient au nombre de 300 cavaliers et 600 hommes de pieds
se placèrent entre le Cap de Gué et les Portugais,
leur coupant la route. Le combat eut lieu sur le mont Taddart.
Pour venir en renfort à ses hommes, le gouverneur portugais,
envoya à la pointe d'Anza deux embarcations armées
de berches pour bombarder et stopper l'arrivée des cavaliers
du caïd de Tamraght Sidi Yacoub venus grossir le camp d'Ambar
Mansour. Mais les Portugais voyant arriver les barques, se débandèrent,
descendirent de la montagne dans l'intention de les rejoindre
au plus vite. L'ultime bataille se serait déroulée
"à la pointe d'Anza" nous dit Mbark Foques,
près du cimetière où est enterré
le marabout Sidi Sahnoun, saint des Regraga, protecteur de la
mer et des marins pêcheurs selon la légende.
La bataille d'Anza se termina par un massacre ; 51 hommes périrent
sur les 60 de l'expédition portugaise. Le roi du Portugal
avisé de ce désastre, investit Simão Gonçalves
da Costa comme gouverneur en remplacement de Luis Sacoto qui
fut mis aux fers et envoyé dans les prisons de Lisbonne
(Chronique ibidem, pp. 46-55).
1525 - Combat et mort du caïd Malek
Ben Daoud à la pointe d'Anza
En 1525, la plaine d'Anza connut un événement qui
bouleversa la situation en faveur des Saadiens dans leur combat
contre les Portugais. Le caïd de la tribu de Massa, Malek
Ben Daoud, allié des Portugais, se trouva piégé
et ses hommes décimés lors d'une attaque menée
conjointement par le caïd d'Azrou (Azuro, Azero)
et le caïd de Tamraght. Le caïd Malek fut tué
alors qu'il venait secourir les siens qui se battaient à
la pointe d'Anza. La situation des Portugais se trouva considérablement
affaiblie par la perte de cet allié (ibidem, pp. 40-41).
1525-1541 - Les combats des Saadiens dans
la plaine d'Anza
Les combats menés par les Saadiens contre les Portugais
de 1525 à 1541 se préparèrent près
de Taddart. D'après la Chronique, les Saadiens "établirent
leur camp du côté de la Pointe d'Anza, derrière
le château, en une grande et large plaine très unie,
où le bourg ne pouvait leur faire aucun mal avec son artillerie,
parce qu'il était situé au pied du Pic, le long
de la mer qui battait le château et qu'il se trouvait plus
bas que la plaine et celle-ci était masquée par
un contrefort du Pic" (ibidem, pp. 88-89). Selon Mbark
Foques, le quartier général du sultan saadien Mohamed
Ech-Cheikh aurait été établi là où
se trouve actuellement la base navale de la Marine royale (Mbark
Foques, Chronologie succincte de l'histoire d'Anza, nb 9, Thèse
de Master en Histoire, 2012).
Ces combats aboutirent à la chute de Santa-Cruz le
12 mars 1541.
"Date importante, nous dit P. de Cénival :
celle du premier craquement dans l'armature du Maroc portugais"
(ibidem, p. 19).
XVIIe et XVIIIe s. - Route des caravanes
Les chroniques des XVIIe et XVIIIe s. cessèrent d'évoquer
Anza mais nous savons que les caravanes constituées à
Mogador en direction du Soudan passaient par cette plaine.
Anza sous le Protectorat français
Anza fut un port de pêche artisanal (pêche à
la ligne et pêche en barque ou pirogue berbère connue
sous le nom d'"Aghrrabou"). Le grand réveil
nous dit Mbark Foques se produisit au cours du Protectorat français
(1912-1956). Les études précoloniales effectuées
révélèrent la richesse de la région
du Souss sur le plan de la pêche, des mines et des carrières.
La première cimenterie verra le jour à Anza en
1952.
Les eaux poissonneuses attirèrent rapidement les ateliers
de salaison. C'est toute une industrie qui prospéra entrainant
un flux migratoire important autour du marabout de Sidi Sahnoun,
noyau de la future ville d'Anza.