La Cimenterie fit construire une cité
pour son personnel de fabrication et d'entretien ; en réalité
deux cités, une pour le personnel européen et une
pour le personnel marocain. La construction des cités
commença, après celle de la cimenterie et fut terminée
peu après vers 1954-5. Les cités se trouvaient
entre l'usine et l'océan, séparées de l'usine
par la route de Mogador Essaouira.
Les logements pour le personnel étaient répartis
sur deux sites proches :
- 19 logements construits pour les employés et ouvriers
européens, dont trois villas destinées aux cadres
de l'usine ;
- 80 logements construits pour le personnel marocain.
Dans la partie réservée
aux employés et ouvriers européens, trois cadres
disposaient d'une villa : M. Hémon (ingénieur,
dont le fils Yves était un camarade de Jean Nagy), M.
Franquet (cadre à la fabrication) et M. Labroy (ingénieur
chimiste et cadre du laboratoire).
Le directeur, M. Pandéliau, habitait en Ville Nouvelle
avec sa famille, dans un appartement de l'immeuble SIBRA sur
le boulevard Mohamed V.
Le lieutenant-colonel Louis Gascou (en retraite), ancien
chef du Bureau du Cercle d'Inezgane, qui habitait la villa Jacqueline,
rue Anatole France, était sous-directeur.
Les villas du personnel européen de
la Cimenterie étaient occupées par les familles
Haudemon (chef du département matériel qui
sera remplacé par son fils après le séisme),
Valaguer (agent de production et parent de M. Viegas
charbonnier qui habitera au moins un temps avec sa famille chez
ce dernier près d'OMACI), Albacete (Chimiste),
Couderc (Loulou, chef de l'atelier de chaudronnerie qui
avait une entreprise de chaudronnerie avec M. Boyer au
QI des Abattoirs), Pradel (Mme Pradel travaillait au laboratoire
de l'usine. Elle était parente de l'infirmier Édouard
Pradel bien connu), Toureil, Mignard (agent de
production à la cuisson), Brière (agent
de production qui travailla ensuite à la briqueterie de
M. Arcidiaco à Ben Sergao), Wissen (comptable),
Marcel Parra (employé de bureau), Rémy
Montipo (chef d'atelier), Caramante (chauffeur), Sepanski,
René Darmangeat (chef des achats qui habitait en
Ville Nouvelle, Immeuble Douladoure) Raveau (chaudronnier),
Pointeau (chef de quart à la menuiserie, père
de Doudou) et Bonaventure (chef de fabrication et père
de Camille).
Les belles villas blanches et modernes
de la cité, disposaient d'un petit jardin dont les allées
étaient pavées de galets. La famille Bonaventure
occupait la maison du milieu de la rangée du milieu des
maisons de la cité européenne.
Devant la terrasse de la salle à manger, M. Bonaventure
avait créé un bassin entouré de rocailles
alimenté par un jet d'eau, dans lequel baignaient poissons
rouges et nénuphars.
Côté océan, les enfants disposaient d'une
piste "patins à roulettes" en béton,
d'une cabane reposant sur un sol en béton, couverte de
cannisses et de fleurs, meublée de petits meubles en bambou
(souvenirs de Camille Bonaventure).
Les enfants allaient dans les écoles
de Talborjt (école Bosc de Talborjt), Ville Nouvelle (école
Bosc de la Ville nouvelle) et Lycée Youssef Ibn Tachfine.
Une camionnette aménagée les conduisait vers leurs
établissements scolaires.
Le terrain de jeu des enfants était
la plage d'Anza et ses rochers dans lesquels ils s'inventaient
des refuges ; il n'y avait qu'un champ de saucissons épineux
(Tikiout, euphorbes cactoïdes) à traverser pour arriver
sur la plage.
Édouard Pointeau (dit "Doudou") habitait comme
Camille la Cité des Ciments Français d'Agadir et,
il se souvient que son père lui avait montré le
four de l'usine et lui avait fait mettre des lunettes spéciales
pour observer par une petite lucarne, le four en fusion.
Il se souvient de la Cité marocaine et des amis avec lesquels
il jouait au foot sur la plage à marée basse, de
Mme Pradel qui travaillait au laboratoire de l'usine, de M. Bernard
Chapuis qui était chef de fabrication (Souvenirs d'Édouard
Pointeau, Forum Agadir 1960).
La Cité des ouvriers marocains de la
cimenterie se trouvait à côté de la Cité
européenne séparée de cette dernière
par un terrain vague. Elle était bâtie à
l'intérieur d'un espace rectangulaire traversé
dans sa grande longueur par une allée centrale ; les petites
maisons basses accolées les unes aux autres entouraient
les places centrales vides à l'époque. Par la suite,
les arbres qui avaient été plantés se développèrent.
Une coopérative ou économat se trouvait dans la
cité.
Après le séisme, une mosquée
à minaret fut construite en-dessous de la cité,
de même qu'un terrain de foot.