Face à l'Atlantique, Agadir bénéficiait
d'un bel arc de plage de dix kilomètres de long, au sable
très fin, baigné par les eaux d'une anse calme
et d'un climat exceptionnel (300 jours de soleil par an) (Mourad
Ben Embarek, A+ U, 62).
Le plan directeur souligna d'emblée la vocation
touristique d'Agadir en réservant au développement
des activités touristiques et balnéaires une place
privilégiée de 190 ha en contact visuel
avec la plage : la route en front de mer (le boulevard Mohamed
V) délimitait le secteur, une falaise dominait la plage
publique et vers le Sud, le secteur boisé des Dunes s'étalait
en profondeur. Une trentaine d'hectares était immédiatement
utilisable tout en considérant la partie Sud de l'arc
dunaire comme une immense réserve pour les extensions
futures (Mourad Ben Embarek, A+U, 62).
La zone susceptible de recevoir des aménagements touristiques
était divisée topographiquement en deux parties
:
- Une croupe dégagée directement en contact avec
le front de mer qui serait consacré à la plage
publique,
- Une zone basse de dunes boisées, plus naturelle, plus
sableuse et en contact direct avec la plage serait consacré
à des villages de vacances et hôtels.
Toutefois, il n'est pas inutile de rappeler les recommandations
du Pr Rothé, séismologue, que les urbanistes devaient
avoir en tête au moment du choix du site :
" Le projet de reconstruire une partie de la ville
dans la zone des dunes au Sud du Front de mer, nous dit le
professeur Rothé, étonnera les séismologues
qui considèrent que les zones dunaires sont particulièrement
dangereuses. Ce projet ne devrait être adopté que
s'il concerne seulement des constructions basses (de type
motel) reposant sur des fondations profondes en dehors des dunes
elles-mêmes. Les constructeurs devront se souvenir que
la ville d'Agadir peut être menacée non seulement
par un séisme se reproduisant sur la flexure sud-atlasique,
mais encore par un fort séisme dont l'épicentre
serait sous-marin. De tels séismes peuvent atteindre une
magnitude supérieure à 8, engendrer des raz-de-marée
redoutables et provoquer à terre des dégâts
importants. Dans de tels cas, il est probable que les vibrations
pourraient être particulièrement intenses dans la
plaine du Souss " (Rothé, Séisme d'Agadir
et séismicité, 19).
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Le terrain situé immédiatement en arrière
de la plage était vallonné de dunes boisées
et utilisable en profondeur. Le centre urbain y débouchait
par ses principaux mails.
Le boulevard du Front de mer (boulevard Mohamed V) le cernait
dans sa partie haute. La " grande colline ocre que couronnait
la Kasbah " dominait le site et conférait limite
et équilibre visuel à l'ensemble (Embarek).
Il fut décidé que la zone des dunes serait réservée
à l'implantation de constructions basses et dispersées
pour ménager le boisement existant, tel le village du
Club méditerranée (Mas, 31).
Protégée des vents du N-O par l'éperon
de la Kasbah, la plage constituait grâce au climat clément
de la ville, le principal attrait et pouvait être utilisés
toute l'année.
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Les terrains des dunes la bordant qui avaient
été fixées par des plantations forestières
constituaient un patrimoine foncier considérable auquel
s'ajouter une vaste zone de terrains expropriés bénéficiaires
d'une vue sur l'océan et situés au-dessus des terrains
forestiers (Challet, Mas, 1966, p 31).
Dans la zone boisée (ex-terrain forestier), il fut prévu
que les terrains seraient loués avec un bail emphytéotique
à 30 ans (les constructions réalisées revenant
à l'État au bout de ce délai).
Dans la zone haute, les terrains seraient vendus à des
prix fixés proportionnellement au potentiel de superficie
de plancher constructible sur chaque parcelle (Challet, Mas,
Exposé aux Journées Aménagement et Nature
66, N°4, 1966, p 31).
Il fut décidé de réserver aux hôtels
et aux établissements balnéaires un vaste secteur
boisé en contact direct avec la plage (P. Mas, 10). |
La zone balnéaire, nous dit l'architecte Ben
Embarek, directeur du Service de l'Urbanisme au Maroc, fut
longuement étudiée par le Service de l'Urbanisme
dans le cadre du nouveau plan. Les données du paysage
dominèrent constamment ces études.
Le parti adopté d'utilisation du site se concrétisa
par un zonage.
Le Secteur touristique et balnéaire fut divisé
en 8 zones selon leurs activités :
- zone 1 : toutes les routes et accès au port et à
la ville ;
- zone 2 : réservée au port de plaisance ;
- zone 3 : réservée à l'habitat, aux magasins
et bureaux en RC ;
- zone 4 : point d'attrait de la zone ;
- zone 5 : réservée aux établissements
hôteliers à plusieurs niveaux ;
- zone 6 : destinée aux clubs de vacances ;
- zone 7 et 8 : occupés par des logements de vacances
et quelques activités urbaines.
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Préserver les points de vue sur la baie d'Agadir
fut l'objectif constant des urbanistes au lendemain du séisme
qui étaient répertoriés sur la carte.
Comme la partie haute de la zone touristique surplombait d'une
certaine hauteur la plage, il fut décidé que :
- les hôtels seraient implantés, non pas comme
une muraille continue, mais de profil ou en épis
et suffisamment espacés pour sauvegarder la vue sur
la mer depuis la ville ;
- les volumes des hôtels seraient affirmés en
hauteur pour contribuer à l'exaltation de l'ensemble vu
de la plage.
- la zone des dunes serait réservée à
l'implantation de constructions basses et dispersées ménageant
le boisement ;
- la partie immédiatement en contact avec le Centre
urbain, plus
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limitée, serait réservée à l'implantation
d'équipements municipaux destinés principalement
aux habitants de la ville comme le stade et terrains de sport.
- Au nord de ce secteur, sur la bordure Est du boulevard
Mohamed V (zone encore considérée particulièrement
dangereuse sur le plan séismique car située en
partie dans la zone pré atlasique), un alignement d'immeubles
à 3 étages avec portiques commerciaux fut maintenu
pour éviter un no man's land entre le port et la
ville reconstruite (Péré, 59).
- La bordure ouest du boulevard serait réservée
aux jardins du bord de mer.
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Circulation des piétons et des automobiles
Le secteur touristique était isolé des quartiers
industriels (jugés incompatibles avec l'activité
touristique) par la création de la voie d'évitement
libérant les circulations urbaines du trafic des poids
lourds et assurant une liaison directe entre le port et le quartier
industriel sud (Mas, A+U, 11).
Le secteur touristique et balnéaire disposait d'une liaison
automobile et piétonnière avec le Centre Urbain
par des voies qui empruntaient en partie le thalweg de l'oued
Tanout passant sous la RP 8.
La route en front de mer (RP 8 : avenue Mohamed V sur le front
de mer) longeait la falaise qui dominait la plage publique et
vers le Sud, le secteur boisé des Dunes.
Entre l'océan et le boulevard Mohamed V fut créée
la rue du 20 août qui faisait une boucle pour rejoindre
le boulevard Mohamed V après le Palais Royal et se poursuivait
vers l'océan par le chemin de l'oued Souss.

Le plan d'aménagement distinguait d'une part la
plage publique accessible à tous, et la partie
touristique consacrée aux hôtels.
- La partie de la baie située au Nord de l'embouchure
de l'oued Tanout était réservée à
la plage publique. Toute construction privée de style
cabanon ou bungalows y était interdite.
- Au-delà de Tanout, en allant vers l'oued Souss, l'espace
était réservé aux hôtels.
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