Usine EEM (Énergie Électrique Maroc) - Anza


L'Énergie Électrique du Maroc (EEM) installa en 1930 (lors de l'apurement de la situation foncière d'Agadir) une centrale autonome provisoire équipée de moteurs Diesel sur un terrain militaire (camp "Alibert").
Cette centrale permit de desservir Agadir et le Souss en assurant leurs besoins locaux.
La puissance de cette centrale passa par étapes successives de 380 CV en 1932 à 2 180 CV en 1948.
La centrale provisoire dura plus longtemps que prévu en raison de la guerre 39-45 qui interrompit tous les projets de construction d'une centrale définitive de puissance appropriée au développement de la ville et de sa région.


Centrale thermique Diesel d'Anza

Les travaux de la nouvelle centrale d'Agadir commencèrent en 1947.
L'usine fut construite près de la pointe d'Aghezdis, en contrebas de la route d'Essaouira-Casablanca, en bord mer.

La voûte du toit de la centrale aurait été réalisée par M. Boyer (le même qui réalisa la coupole du marché de gros après le séisme).

Elle était équipée d'un grand "radiateur", centrale de refroidissement du circuit d'eau, plaqué au rocher.

Cette centrale comprenait 6 groupes Diesel et totalisait 4 580 CV.
Un premier groupe de cette nouvelle centrale fut mis en service en septembre 1949 fonctionnant en parallèle avec l'ancienne centrale "Alibert" dont les groupes principaux furent transférés dans la nouvelle usine d'Anza et les groupes de faible puissance désaffectés 1950 (1950, L'électrification d'Agadir et de sa région, Notre Maroc).

La première centrale dite "Alibert" sera ensuite démontée ; on ne la voit plus sur les photos de 1954.

 

 

 

En 1951, un nouveau groupe de 2 800 CV devait porter la puissance installée à 7 380 CV.

En 1956, le montage de 2 nouveaux groupes diesel de 1450 CV fut décidé.
La nouvelle centrale d'Agadir ainsi équipée devait assurer l'alimentation de la ville par trois départs à 5 500 volts desservant :

  • le port et le quartier industriel d'Anza,
  • la ville d'Agadir proprement dite,
  • le quartier industriel et la banlieue jusqu'à la région maraichère des Aït Melloul (La Centrale d'Agadir, l'Hydraulique et l'Électricité au Maroc,
    éd. Fontana).

 

La situation de la centrale était la suivante :

 


L'effectif du personnel était d'environ 70 personnes. La majorité travaillait en continu.
Le matériel nécessaire à la construction de la ligne à 60 000 Volts devant relier Agadir à Marrakech était en cours d'approvisionnement en 1950.
L'EEM tissa des réseaux haute tension en vue d'électrifier progressivement le pays, interconnectant les centrales et mettant l'électricité à la portée des consommateurs en recourant à des lignes servant à la fois au transport et à la distribution. La connexion avec Agadir ne sera effective qu'en 1956.

 

Cité de la Centrale électrique

Une petite cité des cadres de l'EME fut construite au-dessus de l'usine sur la route de Casablanca. Le directeur de l'usine et sa famille occupaient une des 5 belles villas.

Des logements pour les ouvriers avaient été acquis par l'EEM au Quartier industriel du Sud-Est à Boutchakat (rue d'Oujda et rue de Fès).
En 1956, le programme d'acquisition de logements pour le personnel se poursuivit (5 logements de 2 pièces pour le personnel ouvrier et l'aménagement de 2 logements de chef de quart) (1956, Énergie électrique du Maroc, rapport d'activité, CADN).

Les 5 "villas de l'Énergie" destinées aux familles des cadres de l'usine résistèrent au séisme et existent encore en 2014.
D'autres habitations destinées au personnel se trouvaient le long de la route aboutissant à l'usine.

 

Après-séisme

Au cours du séisme, le directeur M. Barot, fut blessé mais revint mettre l'usine en marche (Souvenirs de Sylvie Barot, Robert Brazille, forum Agadir 1960).
L'usine électrique paraissait intacte de prime abord, en réalité lézardée (G. Choubert et A. Faure-Muret, Séisme d'Agadir, p.58). L'énorme voûte de béton avait vibré et les piliers de soutènement furent ébranlés mais le tout avait tenu. Les techniciens inspectèrent les moteurs diesel et travaillèrent toute la journée, vérifiant les transformateurs, rétablissant les lignes. En fin d'après-midi, ils purent remettre en route le plus petit des moteurs (W. Cappe, p. 76).

En 1973, Dans le cadre de l'extension de l'usine thermoélectrique fut installée une turbine à gaz de 20 MW à Aghezdis.

La centrale d'Anza est maintenant une centrale de secours et ne fonctionne plus qu'au ralenti avec une vingtaine de salariés. La centrale de refroidissement plaquée contre le rocher ne fonctionne plus depuis des années.

 
La petite cité de l'EEM (maintenant ONE créée en 1963) existe toujours au-dessus de l'usine ainsi que les maisons des TP et du Parc Services Municipaux qui se trouvent le long de la route d'accès à l'usine.