André Paccard

 

 Né le 15 février 1929 à Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie), André Paccard est décorateur depuis 1952, date à laquelle il crée l'Atelier 74-André Paccard à Annecy.

Par son intermédiaire, il exerce notamment à Paris (1968), à Rabat au Maroc (1973), à New-York (1983) et à Riyadh en Arabie Saoudite (1987).

Décorateur attitré du roi Hassan II du Maroc jusqu'au milieu des années 1980, puis tombé en disgrâce, il décède d'une cirrhose du foie le 24 mars 1995 à Biot, dans les Alpes-Maritimes.


 

Ce poste privilégié qui lui a permis de faire travailler un nombre considérable d'entreprises de la région.
Une époque à part. Un âge d'or. Du début des années 70 jusqu'en 1986, la région d'Annecy a vécu de la générosité du décorateur André Paccard. Mécène, artiste génial, homme d'affaires, un peu mégalo mais totalement amoureux de sa ville, l'homme a marqué les esprits. Son souvenir est tenace.


Et inextricablement lié à la vie du roi du Maroc Hassan II, dont il fut, pendant quinze ans, le décorateur attitré, travaillant sur de nombreux palais à travers le pays. Cette activité juteuse lui a permis, de faire vivre de nombreuses entreprises de la région annécienne. Plus de 600 au total.

L'histoire a commencé de façon simple. Alors installé modestement à Saint-Jorioz, André Paccard louait un local à Albert Planque, architecte qui travaillait pour Sa Majesté Hassan II. Par son truchement, André Paccard va être mis en relation avec le souverain marocain. " Dès qu'ils se sont vus, ils se sont plu l'un l'autre ", relate un témoin de l'époque.

Le décorateur annécien devient vite indispensable à Hassan II, qui ne tarit pas d'éloges sur son talent. " Hassan II a demandé à André Paccard d'aller s'installer au Maroc ", livre François Lavy, son plus proche collaborateur. Qui précise aussi que le rêve de Sa Majesté, jeune, était d'être architecte. André Paccard va lui permettre d'assouvir sa passion.

 

 

... Pour répondre aux moindres désirs de son exigeant patron, André Paccard va recruter du monde. "La montée en puissance a été vertigineuse ", confie François Lavy. Annecy devient, de façon totalement inattendue, une sorte de "base arrière" du Maroc, d'où sont expédiées, via Paris, toutes sortes de matériaux et mobiliers, liés à la décoration des nombreux palais et hôtels dont André Paccard se voir attribuer la responsabilité.
Une multitude d'entreprises sont alors mises à contribution pour contribuer à satisfaire les rêves de bâtisseur du très élitiste Hassan II. Menuisiers, ébénistes, marbriers, ferronniers, verriers, tapissiers... Il ne discutait pas les prix, mais voulait les meilleurs fournisseurs possibles. Quand Hassan II demandait quelque chose, il fallait le lui envoyer, témoigne François Lavy. Le roi du Maroc avait les exigences de son rang.
Le robinet magique cesse brutalement de couler en 1986 dans la foulée de la réalisation du chef-d'oeuvre d'André Paccard : la Mamounia, à Marrakech.



Hassan II réduit son train de vie et un quiproquo suite à un télex parvenu par trahison sur le bureau du roi du Maroc provoque la disgrâce soudaine du décorateur annécien. C'en est alors fini du lien entre Annecy et le pays de l'Atlas.

OLIVIER DURAND (Extraits)
 


Bibliographie :

Le Maroc et l'artisanat traditionnel islamique dans l'architecture / André Paccard, 2 vol., 1979-1981 [BM Lyon, B 038146]. - "La fin du rêve marocain d'André Paccard" in Lyon Matin, 21 décembre 1986. - [Nécrologie] in L'Essor savoyard (éd. 74), 31 mars 1995, p.28 [BM Lyon, 952787]. - "Le destin tragique du décorateur d'Hassan II" / Serge Barbet in Objectifs Rhône-Alpes, no.7, octobre 1999, p.[24]-26 [BM Lyon, 955556]. - "Quand l'argent du roi du Maroc faisait vivre Annecy..." / Olivier Durand in L'Essor savoyard (éd. 74), 28 juillet 2011, p.3 [BM Lyon, 952787].