Marcel Lods (1891-1978)
Architecte et urbaniste français




Architecte et urbaniste français, Marcel Lods est né à Paris le 16 août 1891.


ENSAD des arts décoratifs et ENSBA de Paris (ateliers Bernier en décembre 1911 et Pontremoli en 1922).

Il obtient son diplôme d'architecte en 1923.
Il travaille à l'agence d'Albert Beaudoin et s'associe avec le neveu de celui-ci, Eugène Beaudoin.


Il adhère dès le début de sa carrière aux thèses du Mouvement moderne en architecture.

Il sert dans l'armée française pendant les deux guerres et développe une passion pour l'aéronautique.

De 1928 à 1940, il réalise de nombreuses constructions de logements sociaux avec Eugène Beaudoin, utilisant des matériaux et des méthodes industrielles, le préfabriqué dans la construction de bâtiments.

Lods et Beaudoin seront à l'avant-garde de l'architecture moderne. Leur cité du "Champ des oiseaux" à Bagneux en 1931-32 sera la 1ère expérience française de logements à bon marché intégralement préfabriqués. Ils font appel à l'ingénieur Freyssinet qui adopte pour cette préfabrication la technique toute nouvelle du béton vibré.
Préfabriqués en usine, montés à sec sur le chantier, ces logements réalisent l'utopie de la maison construite comme une voiture.

De la même façon, Lods et Beaudoin réaliseront en 1934 un autre ensemble de logements populaire : la Cité de la Muette à Drancy où ils associent le métal et le béton. À une ossature métallique s'accrochent des panneaux coulés en béton (Ragon, T 2, 187).

En 1932, Beaudoin et Lods montent un bureau d'étude en embauchant les ingénieurs Vladimir Bodiansky et Treizzini.

En 1939, ils construisent avec les ingénieurs Bodiansky et Prouvé, le Marché couvert et la Maison du Peuple à Clichy en mettant en pratique l'idée de mobilité de la surface construite.  

Construit par éléments préfabriqués en usine, le bâtiment comporte un grand hall et le marché se tient sous et sur les galeries. Un plancher mobile, permet de faire une grande salle de réunion dont la partie centrale peut être fermée. Le toit, partiellement vitré, peut être ouvert donnant le plein air au marché ou bien aux réunions (Ragon, t2, 89).

L'œuvre la plus spectaculaire étudiée par Beaudoin, Lods et Bodiansky concerne le projet du Grand palais des Expositions au rond-point de la Défense, présenté en 1934 ; il ne sera pas réalisé. L'ossature d'acier reposant sur 4 points d'appui aurait permis de couvrir 12 hectares.

Beaudoin et Lods sont reconnus pour leurs innovations techniques et plastiques.

En 1933, Lods devient membre actif des CIAM. Il collabore à la rédaction de la Charte d'Athènes.

En 1935, Beaudoin et Lods, avec l'ingénieur Prouvé, construisent un prototype de maison de week-end qui sera monté en public en 1 heure (Ragon, T2, 231). 


La recherche et l'expérimentation de procédés de préfabrication déterminent l'ensemble des travaux de Lods.
Il travaille en collaboration avec l'ingénieur Vladimir Bodiansky avec qui il partage la passion de l'aéronautique.


De 1940 à 1944, il fait partie avec Le Corbusier de l'ASCORAL (Association pour une Rénovation Architecturale).

Il fut un pionnier de la préfabrication, de la rationalisation du chantier, de la recherche de nouveaux standards constructifs pour une architecture complètement industrialisée.

Défenseur de l'industrialisation intégrale du bâtiment, Lods tente d'imposer ses idées sans succès pour la reconstruction de Mayence.


Nommé architecte urbaniste conseil du gouvernement général de Guinée, il réalise de nombreux bâtiments à Conakry (immeubles d'habitation, bureaux et équipements collectifs).

En 1949, membre des CIAM, il anime des conférences avec l'ingénieur Vladimir Bodiansky, qui révèlent à Casablanca les parrainages utilisés par Écochard (J.-L. Cohen et M. Eleb, 292). Il célèbre les vertus du zonage fonctionnel. Ses projets sont fondés sur une application stricte de la Charte d'Athènes.


Au début des années 50, il succède à Auguste Perret à la tête de son atelier d'architecture à l'ENSBA de Paris.

À Agadir en octobre 1951, Marcel Lods remporte le concours de l'Hôtel de Ville d'Agadir (1er prix et exécution) avec les frères Luc et Xavier Arsène-Henry architectes et l'ingénieur Vladimir Bodiansky (ATBAT).

En 1957, il construit avec l'architecte Jean-Jacques Honegger l'ensemble des Grandes-Terres à Marly-le-Roi en béton vibré préfabriqué dont les façades sont réalisées en usine. Il y habitera pendant 15 ans prouvant qu'il y vivait très bien.

Dans les années 60, il fonde le GEAI (Groupement d'Études pour une Architecture Industrialisée) et réalise un prototype de bâtiment intégralement usiné entre 1962 et 1966 et le grand ensemble de la Grande Mare à Rouen à la demande d'Edgard Pisani  

Il enseigne à partir de 1948 à l'ENSBA de Paris mais il démissionne en 1964.
Il enseigne à partir de 1957 à l'École Nationale des Ponts et Chaussées.

Titulaire de grands prix nationaux et internationaux, il devient membre de l'Académie d'Architecture en 1971.

Il publie "Le Métier d'architecte" en 1976.

Passionné d'aviation et de photographies, il réalise de nombreuses photographies aériennes de ses réalisations architecturales.

 

Parmi les constructions réalisées :

    • La Maison des Sciences de l'Homme à Paris, boulevard Raspail (1962), classée Monument historique.
    • La Maison du Peuple de Clichy en collaboration avec Eugène Baudoin, Vladimir Bodiansky (ingénieur) et Jean Prouvé présentent le premier exemple de mur rideau en panneaux préfabriqués ;
    • La Maison "La Mare" à Sérigny (Orne), villa personnelle de Marcel Lods, est inscrite aux Monuments Historiques.

À Agadir avant le séisme : Marcel Lods remporte en octobre 1951 le concours de l'Hôtel de Ville (1er prix et exécution) avec les frères Luc et Xavier Arsène-Henry et l'ingénieur Vladimir Bodiansky (ATBAT-Afrique). L'étude fut réalisée par le bureau d'études de l'ATBATAfrique et les photographies par le Studio Jean Manuel d'Agadir (voir le dossier concernant l'Hôtel de ville ou Municipaux, AA 9-10, 1951, pp. 57-60 ; AA 35, 1951, p. 73).


Le programme prévoyait la construction de locaux réservés aux diverses activités municipales :

  • Des locaux des cérémonies largement ouverts au public : hall d'entrée, salle des pas perdus, salle des fêtes, salle des mariages,
  • Des locaux de direction auxquels le public n'accèderait que rarement : bureau du Pacha, bureau du Chef des SM, salle des commissions municipales, salle des sous-commissions,
  • Des services, dont une partie était réservée au personnel et comprenait l'Administration générale, les Affaires marocaines, les Travaux municipaux, le Bureau municipal d'Hygiène, les Régies,
  • Une bibliothèque.

Le projet retenu favorisait la souplesse de fonctionnement au quotidien du bâtiment en permettant d'ouvrir ou de fermer alternativement certains locaux mais permettait également une distribution souple des locaux et des bureaux qui pouvaient être modifiée à la demande.

Le bâtiment comportait deux parties distinctes :

  • une partie comprenant les bureaux du Maire, de l'Administrateur et du Pacha peu susceptibles de subir des évolutions considérables et pouvant être construites en matériaux rigides,
  • l'autre partie comprenant les services adaptables aux nouveaux besoins : ainsi un système de cloisons mobiles permettait la division de la grande salle de spectacles en trois locaux distincts pour les mariages, des réunions et des conférences. Cette salle pouvait ainsi servir de salle de plein air grâce au plafond mobile et aux côtés ouvrants, ou de salle fermée dans les cas de séances de cinéma dans la journée.

La division et la jonction des différents services furent établies par des circulations horizontales ou verticales.
Tous les services administratifs furent groupés dans un immeuble à étages et tous les locaux ouverts au public furent répartis dans le rez-de-chaussée surélevé au-dessus de la grande salle des pas perdus.
Ainsi les Administrateurs, le Public, les Bureaux, le Service d'Hygiène, la salle de Spectacle, là Bibliothèque avaient des accès séparés.

Les conditions climatiques déterminèrent le choix d'une aération complète par ventilation naturelle de tous les locaux.
Les façades exposées au soleil étaient abritées par des loggias, brise-soleil et auvents.
La grande salle des fêtes était constamment ventilée par des parois latérales faites de brise-soleil verticaux et orientables.
La toiture était constituée de panneaux pivotants le long des poutres en portiques.
Marcel Lods montra au travers de cette architecture, qu'il aimait et savait manier le verre et le métal.

Une partie seulement du projet initial fut réalisé.

Des jardins ouverts au public furent aménagés avec des palmiers, des lauriers roses et blancs, et d'autres arbustes qui rendaient l'endroit particulièrement agréable et les petites rampes lisses, parallèles aux escaliers, se révélèrent tout à fait propices à l'exercice du patin à roulettes pour les enfants du voisinage.

Ce superbe bâtiment des Municipaux qui résista au séisme de 1960 est maintenant l'immeuble de la Province.


Marcel Lods est mort à Paris le 9 septembre 1978.